Halte au feu !

Quel gâchis que cet « accident » qui a coûté la vie d’une jeune femme de 25 ans, qui se promenait tranquillement avec son compagnon sur un chemin balisé, et qui va poursuivre toute sa vie la chasseresse de 17 ans dont le tir a touché la randonneuse ! Un responsable d’une association de chasseurs a certes déclaré qu’un mort de la chasse était un mort de trop, mais pour ajouter immédiatement que les règles étaient suffisantes et qu’ils prenaient toutes les précautions possibles. Donc, il s’agirait d’une fatalité à laquelle on ne pourrait rien.

Ce n’est pas mon point de vue. Il ne s’agit plus d’une activité utilitaire de survie, ni même d’une conquête sociale liée à la révolution, comme on l’entend çà et là, mais bien d’une pratique culturelle, soutenue par une idéologie contestable, basée sur la supériorité supposée de la race humaine. Quand une activité non indispensable provoque des victimes, même en nombre décroissant, il n’y a aucune raison valable de la maintenir, de mettre en balance un loisir discutable concernant une minorité de traditionalistes avec l’intégrité physique de victimes potentielles, souvent pratiquantes de la chasse elles-mêmes. La question aurait été tranchée depuis longtemps si les partis politiques n’avaient pas craint de s’aliéner une partie non négligeable de l’électorat potentiel. Le lobby de la chasse ne manque pas une occasion de faire valoir une influence supposée des chasseurs, dont il gonfle le nombre en revendiquant 2 millions de titulaires d’un permis, alors que guère plus d’un million est véritablement actif. Son expression politique, dont le dernier avatar s’appelle désormais le Mouvement de la Ruralité, ne rassemble qu’une infime fraction de la population, mais elle a l’oreille du président Macron, qui leur a fait cadeau de la moitié du prix du permis de chasse en guise de bienvenue.

Les partis politiques, bien que très souvent critiques, ont tendance à vouloir ménager la chèvre et le chou en proposant des demi-mesures consistant à réduire le temps autorisé pour la chasse, comme dans d’autres pays européens. Cela est notoirement insuffisant et ne contentera personne, ni les chasseurs, qui considèrent qu’ils ont tous les droits, ni les promeneurs, dont la sécurité ne sera pas garantie. Il est temps de prendre des mesures plus radicales. Les armes de chasse sont par nature destinées à blesser ou à tuer. Leur seule dissémination constitue donc un danger pour la population. Quant à la soi-disant régulation des espèces, il existe des moyens plus intelligents de l’assurer que de lâcher des animaux d’élevage dans la nature afin d’en faire des cibles vivantes. Si l’on poursuit cette stratégie absurde, il faudra bientôt interdire les promenades pendant les périodes de chasse, ou se munir d’un gilet pare-balles pour se balader. Ça ne serait pas un peu le monde à l’envers ?

Commentaires  

#1 jacotte86 21-02-2022 11:00
j'espère que la très jeune responsable de ce meurtre n'osera plus se servir d'un fusil...
Citer