Au bout de la langue

C’est là que parfois on met le mot qui nous échappe, mais c’est une image ! En fait, la langue est un des organes les plus puissants du corps humain, elle peut exercer des pressions si fortes qu’elles en arrivent à déplacer les dents !

Elle est équipée de plus de 3000 capteurs sensibles au chaud et au froid, distinguant les aliments mous ou durs, et grâce aux papilles gustatives reconnaissant les saveurs, sans elle on ne peut rien avaler. Peut-être encore plus important, en touchant le palais 1500 à 2000 fois par jour, elle module les sons émis par les cordes vocales, suivant la position elle articule les voyelles ou les consonnes, et fait plus ou moins résonner la voix, elle est essentielle dans la production de la parole ! Elle permet de bien respirer, grâce à ses muscles qui dégagent les voies aériennes, si elle bascule au fond de la gorge elle crée les apnées du sommeil par exemple. Étrange, c’est le premier organe qui bouge in utero.

Il n’y a donc rien d’étonnant au vu de l’importance de ce petit morceau de chair, que dans notre langue on la retrouve dans beaucoup d’expressions, certaines datant du XIVe siècle, d’autres plus récentes, à commencer par celle de mon titre… Qui exprime bien l’idée de la difficulté à retrouver un mot ou une réponse au fond de la mémoire.

Une petite liste non exhaustive…

Tenir sa langue, se taire, faire attention à ce que l’on dit.

Avoir une langue de vipère, cet animal sournois dont le venin est toxique, illustre une langue méchante.

Tourner sept fois sa langue dans sa bouche, prendre le temps de réflexion, de la prudence.

Avoir une langue bien pendue, être bavard, avoir une parole facile.

Ne pas avoir sa langue dans sa poche, avoir une grande facilité d’expression, parler franchement, sans retenue.

Donner sa langue au chat, à l’origine on disait jeter sa langue au chien, à qui l’on jetait les restes sans valeur, puis c’est devenu donner sa langue au chat, ce dernier étant gardien des secrets, le sens est donc double, se débarrasser d’une langue inutile, ou confier ce secret.

Avoir la langue qui fourche, dire un mot pour un autre, créant parfois un lapsus intéressant !

Se mordre la langue (au sens propre, cela fait très mal, la langue est un organe très sensible) regretter ce que l’on vient de dire.

Et puis il y a la fameuse langue de bois dont l’origine est une expression russe traduite en polonais « la langue de chêne » pour illustrer l’administration tsariste, rigide comme une bûche, depuis cette expression est surtout en vogue dans le milieu politique, elle correspond à un message truqué qui élude la question, et dit des choses en les enrobant sans qu’on les comprenne !

Tirer la langue, avoir des difficultés financières, ce que trop de citoyens connaissent ou vont connaître… au sens propre, j’aimerais, comme Einstein sur sa célèbre photo, tirer la mienne à tous ces empêcheurs de tourner en rond, dans un geste puéril, pour leur dire que je les emm…..

L’invitée du dimanche