Tous ensemble, tous ensemble, ouais !

Il aura suffi d’une cinquantaine de manifestants à Saint-Étienne, s’opposant à la participation de Raphaël Glucksman au traditionnel défilé du 1er mai, pour faire voler en éclats ce qui aurait pu subsister d’une union entre militants de gauche sur des idéaux communs. Cela fait déjà quelque temps que l’on n’évoque plus officiellement la NUPES, cette alliance électorale qui avait permis de limiter la casse aux dernières législatives, chaque formation politique se présentant sous sa propre bannière pour le scrutin des Européennes le 9 juin prochain. Cette stratégie aurait pu se révéler payante comme en témoigne la progression dans les sondages de la liste conduite par Raphaël Glucksman.

Comme, dans le même temps, Valérie Hayer ne cesse de dévisser, il n’était pas interdit de penser que les courbes s’inverseraient et que la liste progouvernementale serait devancée par celle du PS, infligeant ainsi un revers humiliant au Président Macron. Il aurait fallu pour cela que les partis de gauche s’imposent et respectent un code de bonne conduite, en s’interdisant toute agression mutuelle, tout en exposant et en défendant ses propres valeurs. L’incident provoqué par des militants se réclamant des jeunesses communistes de la Loire a suscité des réactions dans tout l’échiquier politique et fait l’objet de condamnations quasiment unanimes. Paradoxalement, la réprobation est venue de la majorité comme de l’opposition, chacun en escomptant un renforcement de sa respectabilité. Cependant, il a fait apparaître des divergences sérieuses entre les Insoumis et les socialistes qui s’en rejettent mutuellement la responsabilité, tandis que le PCF nie toute implication de son mouvement dans cette action. Et voilà comment une opération « coup de poing » menée localement par une minorité agissante a réussi à faire étaler au grand jour des divisions qui auraient dû être mises entre parenthèses au moins le jour où la classe ouvrière est supposée se rassembler pour réclamer la sauvegarde des droits existants et si possible l’extension de droits nouveaux, à l’occasion de cette journée internationale des travailleurs.

Je veux bien reconnaître que le mouvement ouvrier n’est pas unanime sur les objectifs à rechercher ni sur les stratégies les plus efficaces pour y parvenir, mais le spectacle de désunion, y compris dans des occasions de célébration comme le 1er mai, est désolant et ne peut que faire le jeu du système en place et des privilégiés qui en bénéficient. Les divisions ne profitent en réalité qu’aux populistes de l’extrême droite qui progressent dans toute l’Europe, et notamment en France. Les états-majors devraient surmonter leurs divergences et surtout ne pas se tromper d’ennemis, sous peine de hâter ce qu’ils prétendent combattre : l’accession au pouvoir du Rassemblement national.