Droit au logement

Connaissez-vous le ministre du Logement ? Si ! je vous assure, il y a bien un ministre au gouvernement qui est chargé du logement depuis février 2024, même si vous n’en aviez probablement jamais entendu parler auparavant. Bon, je vous accorde qu’il ne s’agit pas d’un ministère de plein exercice puisqu’il est rattaché à celui de Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires de France, mais on ne peut pas dire non plus que s’il est peu connu du grand public, ce serait parce qu’il porte un nom à coucher dehors avec un billet de logement, puisqu’il s’appelle Guillaume Kasbarian, qu’il abrège en kasba sur les réseaux sociaux, ce qui serait un nom prédestiné.

Donc ce macroniste pur jus a été chargé de résoudre ce que l’on a coutume d’appeler « la crise du logement » depuis quasiment les 80 dernières années, et peut-être avant. À côté de ce problème, la quadrature du cercle n’est guère qu’un amuse-bouche, puisque la pénurie de logements à un prix abordable remonte à l’origine même de la reconstruction des immeubles détruits par la guerre. Dès 1954, l’abbé Pierre lançait son appel au secours pour que tous les mal-logés puissent avoir un toit sur leur tête. 70 ans plus tard, le parc d’habitations à loyer modéré (les fameux HLM) est toujours très inférieur aux besoins recensés, comme en témoignent les listes interminables d’attente dans les offices chargés de leur gestion. En 2023, le nombre de permis de construire a chuté de près d’un quart sur l’année. En plus des raisons structurelles, le renchérissement constant de la construction, et des taux de crédit largement supérieurs au niveau des salaires en stagnation pèsent lourdement sur les budgets des ménages.

Pour faire face à l’apparente impossibilité de fournir un logement décent à un prix accessible à tous ceux qui en ont besoin, le ministre a dévoilé son plan et dégainé son arme secrète, qui tient en une phrase, je cite : « le logement social à vie n’existe pas ». Les logements sociaux étant en nombre limité, il convient d’organiser un roulement. Dès que les revenus du locataire dépasseront, ne serait-ce que d’un euro le plafond autorisé, au lieu de lui imposer seulement un surloyer comme c’est déjà prévu, il sera prié de déménager dans un autre logement plus conforme à ses revenus somptueux. S’il a la chance d’en trouver un. Là-dessus, le ministre compte sur un artifice de son cru. Il est question d’intégrer dans le calcul de la loi SRU qui impose un quota de 25 % de logements sociaux, les habitations dites « intermédiaires » au loyer plus rémunérateur, sous couvert de soi-disant mixité sociale. Encore un thermomètre victime d’une fièvre persistante. Guillaume Kasbarian battra-t-il le record de vitesse de son prédécesseur resté 5 mois et 22 jours à son poste avant de se reconvertir dans les transports ? Le suspense est entier.