La primaire populaire pour les nuls

Attention, quand je dis pour les nuls, je ne m’exclus pas de cette population, bien que j’ai décidé après mûre réflexion, de ne pas m’inscrire dans ce processus destiné, selon ses promoteurs, à dégager une candidature unique de l’ensemble de la gauche en vue des élections présidentielles. Avant d’essayer d’analyser le phénomène, il ne me semble pas inutile de rappeler les principes de fonctionnement de cette consultation, un peu différente des primaires habituelles organisées par les partis politiques. Pour être éligible, il était nécessaire de remplir certaines conditions.

La première, contrairement aux autres primaires, n’était pas d’être candidat à cette consultation, mais bien d’être « plébiscité » selon l’expression de ses organisateurs par une désignation informelle sur Internet. C’est ainsi que deux célèbres inconnues à l’échelon national se sont retrouvées sur la short list, tandis que Fabien Roussel, représentant le parti communiste, pour ne citer que lui, n’en faisait pas partie. Les personnalités ainsi désignées devaient en outre déposer leur candidature avant la date limite officielle. Ce qui a éliminé François Ruffin ou Clémentine Autain, pourtant choisis par beaucoup d’internautes. La première curiosité de ce scrutin est donc de mettre sur le même pied des candidats désignés contre leur volonté et d’autres véritablement partants pour se soumettre à un vote populaire préalable à l’élection. Le résultat ne pourra donc être qu’indicatif de la popularité de tel ou tel candidat, ce qu’un traditionnel sondage d’opinion peut faire assez facilement.

Côté électeur à présent, il suffisait de s’inscrire gratuitement sur le site dédié, et là il faut saluer le succès de la démarche qui a drainé près de 470 000 inscriptions, dont probablement beaucoup de sympathisants des candidats, virtuels ou non, pour bien figurer dans le classement. Car la deuxième originalité du vote c’est de noter les différents candidats de la liste sur une échelle allant de très bien à insuffisant sur leur capacité à promouvoir l’écologie et la justice sociale, afin de les classer par ordre de préférences. Le gagnant ou la gagnante sera celui ou celle qui aura la meilleure moyenne (en fait médiane, mais c’est assez proche). Le processus, innovant, a de quoi séduire, et le succès populaire de la consultation pourrait donner un élan à une candidature de gauche qui en manque cruellement ces temps-ci. Il pâtit cependant d’un énorme défaut, qui est le refus des forces principales en présence de s’accorder sur ce mode de désignation. Avant même que les résultats ne tombent, les candidats les plus en vue ont décidé de ne pas en tenir compte, ce qui ôte toute crédibilité à un hypothétique rassemblement derrière le ou la mieux placée. Si une telle initiative devait être renouvelée pour une future présidentielle, il me semble nécessaire de la placer sous l’égide d’un rassemblement préalable des forces de gauche, afin de discuter d’une plateforme programmatique que porterait une incarnation désignée éventuellement par ce processus.

Commentaires  

#3 Dominique Roy 29-01-2022 09:47
Comme Louisette, je me suis inscrite en espérant que cela ferait pression sur les différents leaders. Ca n a pas suffi,donc je ne poursuis pas ds la démarche et ne vote pas.
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#2 jacotte86 28-01-2022 11:25
ca pourrait s'appeler mettre la charrue avant les bœufs quelle consternation d'assister à ce concours d'égos evinçant l'intérêt collectif
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#1 Louisette GUIBERT 28-01-2022 11:19
Pour ma part, je me suis inscrite, non pas pour espérer qu'un-e candidat-e se dégage mais pour montrer symboliquement que la gauche est nulle de ne pas réussir à s'accorder et aussi pour inciter les différents partis à se regrouper pour les législatives...
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