Le casse-tête du carburant

Voilà une difficulté dont le gouvernement se serait bien passé : après l’augmentation vertigineuse des coûts du gaz et de l’électricité qui pèsent sur les ménages, les prix des carburants sont en train de battre des records. La faute à une reprise économique mondiale qui entraîne mécaniquement une demande plus forte, tandis que les pays producteurs, qui ont dû se serrer (un peu) la ceinture depuis quelque temps, préfèrent limiter la production pour soutenir les cours. Chat échaudé craignant l’eau froide, surtout en période préélectorale, le président veut à tout prix éviter de relancer une contestation du type « gilet jaune ».

Il faut donc agir. De toute urgence. Mais comment ? il suffit de voir les discours embarrassés des différents ministres envoyés au front médiatique sans la moindre munition, pour comprendre que l’état ne sait pas par quel bout prendre ce « machin ». La solution de bon sens serait pourtant évidente. Puisque le prix à la pompe du gasoil et de l’essence est formé pour environ deux tiers de taxes perçues par l’état, y compris les 20 % de TVA sur la taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques, il suffirait de réduire la part de fiscalité, pour arrondir les angles, sinon les fins de mois des Français. Oui, mais non ! ce serait trop simple. Et le ministre des Finances, Bruno Lemaire, récemment converti à la défense de la veuve et de l’orphelin, s’est avisé que cette mesure était injuste, puisqu’elle s’adressait indistinctement à tous les automobilistes, riches ou pauvres. Une remarque qui s’applique à tous les impôts indirects, dont le principal, la TVA, ne semble cependant pas près de disparaître. Et puisqu’il est question de justice sociale, le chantier de l’impôt sur la fortune est toujours ouvert et l’on attend que le gouvernement tire les leçons de l’échec patent de la théorie du « ruissellement ».

Comme souvent, la raison principale de refuser une baisse de taxe, c’est le manque à gagner que cela entraîne. Après avoir dépensé sans compter, le gouvernement, qui promet tout à tout le monde en vue de la réélection espérée d’Emmanuel Macron, se doit de trouver des sous quelque part pour financer ses belles promesses. Et une baisse d’un centime à la pompe « coûterait » 500 millions à l’état, pour un résultat insignifiant. Reste le chèque carburant, sur le modèle du chèque énergie, avec des conditions de ressources et des critères de nécessité du recours à l’automobile. Un dispositif complexe à souhait, comme la France en garde jalousement l’exclusivité, et qui explique le délai considérable pour le mettre au point. Sinon, je vous livre une idée simplissime et inratable : pour baisser le prix du litre d’essence, il suffit de le vendre en bouteilles de 75 cl.