Le mot le plus long

Vous le connaissez sans doute, avec ses 25 lettres, le mot le plus long de la langue française, c’est « anticonstitutionnellement », même si récemment le record que l’on m’a toujours appris aurait été battu par le vocable « intergouvernementalisations » avec 27 lettres, mais dont vous avouerez qu’il est d’un usage encore moins répandu que le précédent. Et je ne vous parle même pas de ce néologisme forgé sur mesure pour nommer le phénomène en même temps que l’illustrer : l’« hippopotomonstrosesquippedaliophobie », ou la peur des mots trop longs.

Hier s’est ouvert le procès dit des sondages de l’Élysée qui vise des collaborateurs de l’ancien chef de l’état, Nicolas Sarkozy, et qui présente la particularité de ne pas mettre en cause le président de la République lui-même. Il s’agit de sondages commandés auprès de certains organismes, dirigés par des conseillers du président, comme Patrick Buisson, sans passer les appels d’offres requis, et qui auraient permis de substantiels bénéfices à ceux qui les ont fournis, sans compter la nature même des objets d’études parfois discutables, comme l’opinion du public sur l’éventualité d’un mariage du président. L’avocat d’un des prévenus, Claude Guéant, alors secrétaire général de l’Élysée, développe l’argumentaire suivant. Son client n’aurait fait qu’exécuter des ordres émanant de son patron, le président de la République, qui lui-même ne peut pas être poursuivi dans cette affaire, car il est protégé par la constitution qui empêche de le juger au nom de son immunité dans l’exercice de ses fonctions.

Et l’avocat de conclure que son client ne peut donc pas être tenu pour responsable d’actes ordonnés par le président et que le condamner serait contraire à la constitution. On reconnait bien là cette forme de talent si particulier qui permet à un avocat de défendre son client en toutes circonstances. J’ai le regret de devoir être en désaccord avec lui sur ses conclusions, mais je lui concède volontiers qu’il a mis le doigt sur une incohérence de notre droit. Comme il l’explique très justement ce n’est pas Claude Guéant en personne, pas plus que Emmanuelle Mignon en qualité de directrice de cabinet, qui souhaitait consulter l’opinion à tout bout de champ et sur n’importe quel sujet. On peut soupçonner que Nicolas Sarkozy lui-même s’est fait manipuler et qu’il ait ainsi trouvé un moyen de surrémunérer des conseillers déjà grassement payés. Mais c’est bien de sa responsabilité si l’état a gaspillé des millions pour des études superflues. Le seul moyen de résoudre la contradiction serait à mon sens d’en finir avec ce privilège exorbitant qui interdit de revenir, même après-coup, sur des erreurs ou des errements présidentiels du simple fait qu’ils auraient été commis es-qualité, alors que les délits de droit commun sont passibles de sanctions pénales. Il suffirait pour cela que le parlement, réuni en congrès, adopte une modification de la constitution, qu’il « déconstitutionnalise » l’immunité présidentielle.

Commentaires  

#1 massé 19-10-2021 11:28
j'avais oublier ce point de la constitution qui en fait permet à notre chef d'état de commettre toutes les exactions qu'il veut!!! manu b ne te gène pas tu as encore quelques mois devant toi pour dépasser Sarko
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