L’orphelinat des maladies

L’expression a de quoi faire sursauter. Pourtant, presque toutes les maladies se sont retrouvées orphelines depuis l’apparition il y a un an du coronavirus qui a envahi pratiquement toute la planète et a monopolisé l’attention des soignants, des chercheurs et du public. Au plus fort des « vagues » de contamination, les hôpitaux se sont retrouvés saturés de patients en état grave, nécessitant une réanimation. Les cas de Covid 19 ont été prioritaires. Les interventions moins urgentes ont été reportées, et parfois aussi, probablement, des opérations souhaitables, faisant ainsi perdre des chances à des malades.

Objectivement, le nombre de cas de Covid ayant entraîné la mort, s’il est élevé, environ 70 000 en un an, reste loin derrière la cause principale de mortalité, qui est le cancer en général, responsable d’environ 150 000 décès par an. Plus important encore, une bonne partie de ces cancers serait évitable, notamment en limitant les conduites à risques que constituent la consommation de tabac et d’alcool. Autant la contamination virale est invisible et sournoise, autant les consommateurs savent que chaque cigarette ou chaque verre d’alcool constitue un danger, qu’ils sont d’ailleurs nombreux à vouloir abandonner, dans leur propre intérêt. On rêverait de pouvoir rendre visible la présence du virus, comme dans un petit film qui montrait la transmission de germes en les colorant fictivement depuis un passage aux toilettes jusqu’à un bol de cacahuètes dans un bar. On ne peut donc que saluer l’initiative du gouvernement français qui relance un plan de lutte contre le cancer et le dote d’un budget en augmentation de 20 %. C’est beaucoup, mais c’est sans commune mesure avec la mobilisation massive du « quoi qu’il en coûte », dont l’application se chiffre en dizaines de milliards rien qu’en France.

De même, la recherche mondiale a été mobilisée presque exclusivement sur la mise au point de vaccins et de traitements. En moins d’un an, les scientifiques ont fait des progrès fulgurants. Il y a fort à parier que les maladies dites orphelines aujourd’hui, auraient pu bénéficier d’apports décisifs avec de tels moyens. De même que les maladies qui ont « pignon sur rue » et qui sont tributaires de la générosité du public au travers de manifestations médiatiques telles que le téléthon. On pourrait aller encore plus loin dans l’utopie en imaginant une telle mobilisation pour lutter contre la misère et la précarité en France, ou dans d’autres pays développés. Et pourquoi ne pas éradiquer totalement la faim dans le monde, en y consacrant 267 milliards de dollars par an pendant 15 ans, soit 0,3 % du produit intérieur brut mondial ? Rappelons que la dette de la France est passée de moins de 100 % à 120 % du PIB pour faire face à l’épidémie.

Commentaires  

#1 Jacotte2 05-02-2021 12:27
Si on avait fait tout ce qu'il fallait on aurait sans doute éviter les pandémies
Mais hélas trois fois hélas il nous reste juste des yeux pour pleurer
Citer