À l’aide

Le premier confinement de ce drôle de printemps 2020, j’ai fait tout ce qu’on m’a demandé de faire… je me suis déplacée à 1 km de chez moi, pour une durée d’une heure (d’accord, j’ai un peu triché sur les horaires pour pouvoir élargir un peu mon bocal) sans jamais faire courir le moindre risque dans mes chemins de campagne, masque sur le nez, à aucun de mes concitoyens !

Quand l’été est arrivé, la vie a repris un semblant de normalité, j’ai vu mes enfants, accueilli ma petite fille, profité de la mer, du soleil et de la liberté de mouvement retrouvée : tout semblait faire croire qu’on était au bout de nos contraintes, masque mis à part, mais c’était un moindre mal.

L’automne nous a cueillis à froid ! L’épidémie prend un nouvel essor, deuxième confinement, un peu plus souple, on peut se déplacer jusqu’à 30 km de son domicile, le bocal devient plus grand ! On peut faire ses courses sous réserve du respect des règles sanitaires…

Puis, après Noël, fini le bal, on voit bien que la pandémie n’est pas sous contrôle, que l’apparition de variants augmente le risque de contamination fulgurante, et qu’il va bien falloir prendre des mesures pour l’enrayer.

 Janvier : couvre-feu à 20 heures, puis à 18 heures, on impose de nouvelles restrictions… on nous promet des vaccinations nombreuses et rapides, les perspectives prévues ne pourront pas être atteintes ! Petit à petit, les rêves sont devenus cauchemars !

Depuis presque 10 jours, on attend inquiets, voire angoissés, des mesures qui vont devoir être prises pour éviter une troisième vague encore plus mortelle que les précédentes !

Après nous avoir infantilisés, en étant directif, répressif, on nous donne un répit, repoussant une échéance de troisième confinement, nous laissant toujours dans la plus grande incertitude d’une sortie de crise.

Voilà le tableau, où, après avoir évoqué le peu de perspectives de notre jeunesse, je voudrais évoquer le malaise de ma génération elle aussi privée de perspectives.

Notre espérance de vie nous permettait de penser faire de nouvelles découvertes, de nouvelles rencontres, partager de bons moments avec la famille et les amis, si possible en bonne santé et en toute sérénité… mais a-t-on un autre avenir que celui de la journée de demain ?

Que faire, quand le seul lien social est celui que l’on crée avec les professionnels de santé, ou avec son voisin le plus proche que l’on salue une fois par jour ? Que faire quand le manque d’actions et de projets nous mène à nous retourner sur nos souvenirs et voir la vie en gris ?

Pour éviter la déprime, il faut accepter de l’aide pour apprendre à apprécier ce qui reste de possible, pour savoir goûter le moindre petit plaisir, cultiver un peu d’espoir, pour continuer à partager la tendresse avec ses proches… en bref pour trouver que la vie a encore du goût, il faut tout faire pour ne pas s’enfermer dans la solitude et une nostalgie stérile !

Les instances d’aide ne manquent pas, à commencer par les psychiatres (dont le nombre est insuffisant à cause du numerus clausus) et psychologues ! Comme il est du devoir de l’État de veiller autant à la santé mentale que physique des Français, il serait temps de prévoir une prise en charge facilitant leur accès à un public de plus en plus en souffrance, le plus large possible.

L’invitée du dimanche