J’voudrais bien

Mais, j’peux point. C’est par une sorte d’hommage involontaire à la célèbre « bonne du curé » d’Annie Cordy qu’Emmanuel Macron a répondu à la demande d’Alain Cocq de finir sa vie dans la dignité selon la formule consacrée, souvent invoquée et rarement respectée. Si l’on en croit le chef de l’état, répondre favorablement à sa demande serait se mettre au-dessus des lois, ce qu’il ne souhaite évidemment faire en aucun cas. En suivant ce raisonnement, aucune loi ne pourrait être modifiée, puisqu’il est hors de question de ne pas la respecter, quelle qu’elle soit.

C’est évidemment absurde et sur d’autres sujets, ce président, comme ses prédécesseurs, ne s’est pas privé de faire des propositions, d’autant plus librement qu’il dispose d’une majorité qui ne lui a jamais fait défaut sur le moindre de ses souhaits, fût-il parfaitement contestable. Il se contente d’invoquer « le cadre légal actuel » qui ne peut être « outrepassé par quiconque », sans jamais se mouiller en reconnaissant que la loi Léonetti, modifiée en 2016, qui régit toujours les dispositions relatives à l’euthanasie, l’acharnement thérapeutique ou le suicide assisté, aurait besoin d’un bon toilettage pour suivre l’évolution de la société. C’est à mon avis un sérieux manque de courage politique, un refus d’obstacle que de botter ainsi en touche, sans même réunir le comité d’éthique pour examiner les éventuels aménagements de la loi.

Pour les belles paroles, on peut faire confiance au président, mais ici, il y a une situation réelle et concrète, à laquelle il n’envisage pas une seconde de donner une réponse. Il ne suffit pas à Alain Cocq de savoir qu’Emmanuel Macron respecte sa démarche. Il voudrait que sa décision de se laisser mourir soit accompagnée et serve de déclic pour aider tous ceux, qui, dans une situation extrême, préfèrent mettre fin eux-mêmes à leur existence que de continuer à subir des douleurs intenses et continuelles. Ces procédures existent dans d’autres pays comme la Suisse, la Belgique ou l’Allemagne, sans que l’ordre public en soit particulièrement troublé ni que des excès soient commis en leur nom. On peut s’interroger sur la procédure qui aurait consisté à diffuser en direct sur les réseaux sociaux la fin de vie d’Alain Cocq comme il le souhaitait. Son but était évidemment d’ouvrir un débat et de provoquer une prise de conscience dans le public. Il aura été interprété comme une forme de prosélytisme, et interdit de diffusion par Facebook, dont les critères de censure restent toujours aussi mystérieux et opaques, depuis l’interdiction du moindre centimètre de peau dénudée, jusqu’à la tolérance envers des idéologies mortifères. Personnellement, même si la consultation des documents publiés par les participants reste du domaine du volontariat, il me parait préférable de ne pas laisser un libre accès à ce qui relève de l’intime.