La course à l’échalote

Commençons par un petit quiz. À votre avis, quel est le sujet de préoccupation numéro un des Français en ce moment ? Je vous vois méfiants. Vous vous dites : « c’est trop facile, il doit y avoir un piège ». Pourtant, il n’y a pas à tortiller, on en parle sans arrêt, et c’est vrai que c’est inquiétant. C’est le risque sanitaire et la menace du retour de l’épidémie qui doit légitimement être au centre de nos inquiétudes. Nous ne voulons à aucun prix revivre la période anxiogène du confinement et la kyrielle de contraintes qui lui sont associées.

Oui, mais non. La peur d’attraper la maladie est bien là, mais diffuse. On a fini par s’y habituer, et l’on attend plus ou moins patiemment que sorte un vaccin ou un traitement. La frustration s’est reportée sur les autorités, que l’on soupçonne d’en faire trop après n’en avoir pas fait assez, au détriment des libertés individuelles. Alors c’est l’avenir économique qui doit faire peur aux Français. On sait bien que c’est cet automne et cet hiver que la crise va faire un maximum de dégâts. Les entreprises ont bénéficié de mesures d’aide avec le chômage partiel et les prêts garantis par l’état, mais cela n’aura qu’un temps et l’on s’attend à des fermetures et des faillites en cascade. Les Français l’ont bien compris, qui gardent leur épargne, au cas où, pour ceux qui le peuvent. Encore raté. Nous sommes fatalistes. Advienne que pourra, la crise est là, il faut espérer des jours meilleurs et que le plan de relance, globalement approuvé par les Français, atténue les effets inévitables, notamment sur le chômage, qui va forcément s’accroître. Alors quoi ? De quoi avons-nous si peur que cela éclipse les autres sujets ? Du réchauffement climatique ? De la catastrophe écologique annoncée ?

Vous n’y êtes pas. Le sujet brûlant, c’est l’insécurité. Comment ? Encore ! Vous êtes sûr ? Absolument. L’insécurité, vous dis-je. Mais on n’est pas en période électorale ! D’habitude, c’est au moment des élections que l’on ressort ce vieux serpent de mer, ce marronnier imparable, cet épouvantail sempiternel. Quand vous mettrez-vous dans la tête que la France est en perpétuelle campagne électorale ? Si le ministre de l’Intérieur agite la violence à grand renfort de coups de menton et multiplie les coups de gueule dignes d’un Tartarin ou du Capitaine Fracasse, c’est qu’il est en service commandé pour l’Élysée. Il est chargé de couper l’herbe sous le pied du Rassemblement national, qui en a fait, comme prévu, son cheval de bataille au cours d’une université d’été réduite à peau de chagrin. Il prévoit d’occuper le terrain tous les mois en publiant les chiffres de la délinquance et en s’efforçant de nous persuader que les choses s’améliorent pour sortir gagnant de cette course à la surenchère. Ça va être long.

Commentaires  

#2 Claude 08-09-2020 11:38
et combien de dodos?
Citer
#1 jacotte 86 08-09-2020 11:15
593jours 20h 59minutes 54 secondes
Citer