Crumble
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le vendredi 12 mai 2017 10:16
- Écrit par Claude Séné
Je n’ai pas d’affinité particulière pour ce dessert qui nous vient du Royaume-Uni et qui consiste souvent à récupérer les fruits qui traînent dans le frigo et à les mélanger avec une pâte émiettée à base de beurre, de sucre et de farine. Dans sa version salée, on remplace les fruits par des légumes, et ça fait la farce, si j’ose dire, ou la blague, si vous préférez. Pourquoi cette métaphore culinaire ? Parce que le mouvement d’Emmanuel Macron vient de dévoiler une première fournée de candidatures pour les législatives et que j’ai dû halluciner en croyant entendre : « à table ! »
Oui, je sais, En Marche ne fait pas de la vieille politique, celle que fustigeait déjà Victor Hugo par la bouche de Ruy Blas en s’exclamant : « bon appétit, messieurs ! » et cependant, François Bayrou n’a pas tardé à dénoncer la composition de cette liste, qui ne fait pas la part assez belle à son propre mouvement presque moribond, et dont on comprend que la survie était la contrepartie de son ralliement sans condition qui a peut-être été décisif. Pas de cuisine électorale, donc, pas de tambouille, mais enfin quelque chose qui y ressemble étrangement. Ainsi que les bonnes manières à l’égard de l’ancien collègue du nouveau président qui ne mettra pas de bâton, pardon de candidat, dans les roues de Manuel Valls, et se réserve la possibilité d’en faire de même pour les Républicains qui seraient pris d’une illumination tardive et viendraient le rejoindre. Car, de même que le crumble peut se servir sucré ou salé, En Marche peut godiller à droite ou à gauche, selon le goût des convives.
D’ailleurs, je devrais dire la République en Marche, comme se fait désormais appeler le mouvement. Ce qui donnera l’acronyme REM, puisque c’est une pente irrésistible qui pousse à tout abréger, notamment les idées. Et REM, c’est déjà le nom d’un groupe musical américain qui a eu son heure de gloire avec en particulier un morceau intitulé « losing my religion » que l’on pourrait traduire par « en perdant la foi » et dont les derniers mots sont : « ce n’était qu’un rêve ». Ce nom provient de l’expression « rapid eye movements » qui désigne les battements involontaires des paupières pendant la phase du sommeil paradoxal, celle pendant laquelle se produit le rêve. Quelle étrange coïncidence avec le mouvement du président, mégalomaniaque à l’origine, car calqué sur ses initiales, puis paradoxal en valorisant un mouvement sans en donner la direction, et onirique enfin avec la récupération des rêves et des aspirations des Français. Le réveil sera peut-être plus difficile.