Êtes-vous cyber ?
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le samedi 13 mai 2017 10:50
- Écrit par Claude Séné
Il devient de plus en plus difficile d’ignorer les systèmes informatisés, que l’on soit partisan de modernité ou non. Que ce soit dans notre vie personnelle, quand on a besoin d’un renseignement, ou dans l’entreprise, le recours aux outils informatiques s’est répandu de façon exponentielle, rendant tout retour en arrière pratiquement impossible. La première conséquence c’est d’introduire une fracture numérique entre ceux qui connaissent et maitrisent plus ou moins bien ces outils, et ceux qui sont restés réfractaires, soit par choix, soit par impossibilité de s’initier à leur maniement.
L’informatique est partout, y compris dans nos choix politiques. Rappelons pour mémoire la tentative de déstabilisation de la campagne d’Emmanuel Macron avec la divulgation à la dernière minute de faux documents concernant un soi-disant compte aux Bahamas qu’aurait possédé le candidat En Marche. Cette rumeur a été relayée sur les réseaux sociaux, par un canal permettant l’instantanéité de la propagation d’une fausse nouvelle, là où le bouche-à-oreille aurait demandé des semaines ou des mois. Elle s’appuyait sur un vol de documents informatisés, bien réels ceux-là, trafiqués pour faire croire à leur authenticité, une technique rappelant l’affaire Clearstream. Les élections américaines aboutissant à la désignation de Donald Trump sont elles aussi suspectées d’avoir été influencées par des cyberpirates russes, travaillant pour leur compte ou celui du gouvernement de Wladimir Poutine. L’enquête à ce sujet semble avoir été entravée volontairement par le président américain en limogeant brutalement le directeur du FBI, qui lui-même a peut-être précipité la chute d’Hillary Clinton à cause de l’affaire des mails privés de la candidate démocrate.
Et voici que l’on découvre une nouvelle affaire de cybercriminalité à l’échelle mondiale, avec des attaques informatiques de grande ampleur visant à réclamer des rançons aux services et aux entreprises dont les données ont été prises en otage. Le procédé n’est pas nouveau, mais il a pris une dimension inédite jusqu’à présent, avec 75 000 tentatives d’extorsion de fonds dans 99 pays. Cet exemple est édifiant, car les pirates utilisent une faille de sécurité découverte par la NSA, l’agence de renseignement des États-Unis, qui, au lieu de la signaler à Microsoft, ont gardé pour eux l’information dans le but de l’utiliser à leur profit, avant de se la faire voler par des « hackers » indélicats. Un temps précieux a été gaspillé et le correctif du logiciel Windows n’a pas encore été installé sur toutes les machines. Car le jeu du gendarme et du voleur, celui de la course à la sécurité entre les spécialistes de la protection et l’ingéniosité des criminels, a été transposé dans l’univers virtuel. La sécurité informatique ne sera jamais que provisoire, ce qui implique la plus grande prudence à l’échelle des responsables. Quant à notre petite vie privée, elle n’intéresse probablement personne.