Le menu et la carte
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le mercredi 10 mai 2017 10:27
- Écrit par Claude Séné
C’est une grande chance que de vivre dans une démocratie, et j’en ai bien conscience malgré les résultats des élections présidentielles qui ne m’ont guère enthousiasmé, pas plus que la plus grande partie des Français qui n’ont choisi le nouveau président que par défaut et ont été peu nombreux à manifester leur joie et leurs espérances à l’annonce du verdict. À l’étranger, les yeux étaient tournés vers notre pays, comme nous l’avions été à l’égard de l’Autriche quand on pouvait craindre l’élection d’un représentant de la droite extrême. Dans les deux cas, le pire a été évité.
La démocratie étant le plus mauvais des systèmes à l’exception de tous les autres, nous pouvons nous estimer heureux qu’elle n’ait pas abouti à donner le pouvoir à une personne ou une faction désireuse de confisquer les libertés individuelles au profit des intérêts particuliers de son groupe. Rappelons-nous que les dictateurs ont souvent commencé par se faire élire « démocratiquement ». Nos institutions ont ceci de particulier qu’elles consistent à remettre les pleins pouvoirs pendant une durée limitée, en escomptant que tout le monde jouera le jeu, à tous les niveaux de décision. Qu’il s’agisse du président, d’un député ou d’un simple élu municipal, le contrat se borne à vérifier a posteriori si les engagements que tout le monde s’est empressé d’oublier ont été tenus. Tout se passe comme si l’électeur était dans un restaurant où il n’y aurait pas de carte, mais seulement un menu, et dans lequel il serait impossible d’apporter la moindre modification. Le nouveau président a d’ores et déjà annoncé qu’il n’était pas question qu’il déroge à la moindre virgule de son programme électoral, arguant du fait qu’il avait été approuvé par 24 % des Français. On a connu application plus convaincante du fait majoritaire, mais passons.
La répartition des voix au premier tour indique de toute évidence que notre système majoritaire à deux tours avec sa prime au gagnant est à bout de souffle et qu’il a manifestement fait son temps. Je n’aurai pas l’outrecuidance de réclamer que le citoyen puisse obtenir fromage et dessert, ce qui serait le summum du luxe électoral, mais il me semblerait raisonnable de le consulter avant la fin du repas sur son appétit, sa satisfaction sur ce qu’il a déjà ingurgité, ses souhaits et ses désirs pour la suite, et pourquoi pas sur ce que ça va lui coûter, puisque c’est toujours le citoyen contribuable qui finit par payer l’addition. Sans compter qu’il serait peut-être temps de convier au banquet tous les laissés-pour-compte qui doivent se contenter d’observer les festins à travers les vitres du restaurant, sans jamais pouvoir s’y attabler.
Commentaires
les législatives se présentent dans la confusion totale ;mais elles vont peut être clarifier les rapports de forces?
sous des formes peut être nouvelles avec des objectifs précis et rassembleurs les mobilisations se réalisent