La guerre mondiale en 140 signes
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le lundi 19 décembre 2016 10:34
- Écrit par Claude Séné
Oups ! He did it again ! le candidat Donald Trump, qui voulait montrer qu’il était moderne et savait vivre avec son temps, a beaucoup utilisé les réseaux sociaux pendant la campagne et n’a cessé d’alimenter personnellement son compte Twitter, non sans quelques mésaventures linguistiques. Après la post-vérité, Donald Trump invente la post-orthographe en qualifiant des rumeurs infondées de « rédicules » (rediculous & untrue en VO). Un de ses rivaux républicains, Marco Rubio, s’était d’ailleurs abondamment moqué des fautes contenues dans ses tweets trop hâtivement publiés et insuffisamment relus. Cette fois il a confondu président et précédent.
En voulant dénoncer le gouvernement chinois pour avoir récupéré une sonde américaine dans les eaux internationales, Donald Trump a malencontreusement qualifié l’incident d’acte « sans président » alors qu’il voulait probablement dire sans précédent. Une erreur rectifiée plus d’une heure plus tard. Largement le temps pour les responsables chinois de prendre la mouche et aux observateurs du monde entier de se demander ce qui serait advenu si le futur président des États-Unis avait confondu des termes plus blessants ou plus injurieux. Depuis les résultats des élections américaines, le milliardaire a multiplié les signaux négatifs à l’égard de Pékin en laissant croire à un rapprochement avec Formose, contredisant toute la diplomatie passée visant à trouver un accord entre Chinois et Américains, pendant que dans le même temps il se montrait très conciliant avec Poutine. De quoi rendre crédible une menace éventuelle à la faveur d’une nouvelle coquille dans un de ses messages lapidaires beaucoup trop improvisés.
Vous ne me croyez pas ? pourtant il y a eu des précédents. Souvenons-nous du déclenchement de la guerre de 1870 entre la France et la Prusse. Tout est parti d’une fameuse dépêche adressée à Bismarck par le roi de Prusse depuis la station thermale d’Ems où il prenait les eaux. Le maréchal prussien en communique la teneur, remaniée par ses soins, aux organes de presse. Là-aussi, une simple erreur de traduction va faire croire que la Prusse a gravement offensé la France en faisant recevoir son ambassadeur par un sous-officier subalterne, un adjudant, alors que le terme original « adjutant » en allemand désigne un aide de camp. On connait la suite. Pendant la campagne américaine, de nombreux observateurs ont souligné le risque de confier les codes de la dissuasion nucléaire à un irresponsable. Et bien nous y sommes. À partir du 20 janvier prochain, nous serons à la merci d’une lubie ou d’une impulsion irréfléchie d’un colérique maladroit qui pourrait déclencher l’apocalypse nucléaire par erreur ou par irritabilité. Il sera plus difficile de rappeler des missiles que de corriger un tweet erroné.
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