La France en deuil

Quoi ? Christine Boutin avait donc raison en annonçant aussi sobrement que prématurément la mort de Jacques Chirac ? vous n’y êtes pas du tout. La mauvaise nouvelle du moment, c’est la séparation du couple préféré des Français, le plus glamour, le plus sexy, et qui avait le bon goût d’afficher une préférence pour notre beau pays et d’en vanter les mérites, un couple tellement uni que l’on en avait fait une marque sous le nom de « brangelina ». Et voilà que Brad Pitt et Angelina Jolie vont divorcer, comme de simples Mr et Mme Smith, qu’ils incarnèrent à l’écran.

L’histoire était pourtant belle et propice à vendre des tonnes de papier. Non seulement les « brangelina » étaient beaux, talentueux, riches à millions, francophiles, mais aussi très généreux, puisqu’ils avaient adopté trois enfants pour des motifs humanitaires, avant d’avoir trois autres enfants ensemble. Leur mariage en 2014 dans le château de Miraval dans le Var sera une fête des plus fastueuses. Bon, les habitants du village ont bien déchanté un peu en constatant que leurs illustres voisins n’achetaient pas leur pain à la boulangerie, et que la farine ayant servi à la confection du gâteau de mariage avait été importée à grands frais des États-Unis, mais la notoriété que leur apportait le couple mythique n’a pas de prix. Et voilà que, patatras, du jour au lendemain, ceux qui s’étaient juré fidélité jusqu’à ce que la mort les sépare ont devancé l’appel et vont bel et bien suivre séparément leurs chemins respectifs. Avec la lancinante question que posait déjà Laurent Fabius en 2006 à propos de Ségolène Royal : « qui va garder les enfants ? » Angelina Jolie en réclame la garde exclusive en dénigrant le comportement de Brad Pitt, accusé d’être colérique et de trop consommer d’alcool et de cannabis, la routine, quoi.

Finalement, le couple formé par Jacques Chirac et Bernadette Chodron de Courcel se révèlera plus solide que celui des « Brangelina », malgré les nombreuses entorses prêtées à l’ancien président, que l’on surnommait « monsieur dix minutes, douche comprise » par allusion à ses conquêtes féminines. Des coups de canif dans le contrat dont Bernie a dû s’accommoder, d’abord par discipline politique, et aussi parce qu’elle appartient à une génération où le divorce était moins courant. Elle a été à son tour hospitalisée à La Pitié-Salpêtrière où son mari est soigné pour une affection pulmonaire, afin de se reposer. Après 60 ans de mariage, le couple Chirac tient toujours, mais des rumeurs persistantes pourraient annoncer sa fin prochaine. On me permettra de ne pas tirer sur cette ambulance.