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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le mardi 20 septembre 2016 10:43
- Écrit par Claude Séné
Si l’élection aux primaires de la droite et du centre se joue sur le poids des propositions des différents candidats, alors Bruno Le Maire a déjà gagné. En sortant un ouvrage programmatique de 1000 pages et 4 kilos, celui qui se veut incarner la modernité et le renouveau au parti des Républicains, a assommé la concurrence. La question est de savoir si, par la même occasion, il n’aurait pas tendance à assommer un peu aussi les Français. Des Français qu’il affirme dans rire avoir « tous rencontré ». Dois-je en déduire que je ne fais pas partie de la communauté nationale ?
Une rapide enquête suggère que je ne serais pas seul dans ce cas, mais à supposer que je sois l’unique exception qui confirme sa règle, cela n’autoriserait pas Bruno Le Maire à se prévaloir de ces rencontres pour affirmer que ses propositions auraient force de loi, au cas, bien improbable au demeurant, où il remporterait cette élection. Il ne fait d’ailleurs que reprendre la position de ses concurrents de droite, symbolisée par le « tout dire avant pour tout faire après » de Nicolas Sarkozy. Voilà une conception bien singulière de la démocratie qui consiste à remettre les pleins pouvoirs à un homme pour qu’il décide de tout, avec même une seule voix de majorité, sans la moindre concertation, sans parler de négociation. Admettons un instant que Bruno Le Maire ait vraiment recueilli l’opinion des Français sur les principaux sujets, il m’étonnerait beaucoup qu’elle soit explicite et unanime au point de dispenser le futur président de toute réflexion et de lui permettre d’imposer sa politique sans aucune forme de discussion.
D’autant plus que le contenu de ce pavé me parait très loin de faire consensus sur un bon nombre de questions. Bruno Le Maire entend en finir avec les 35 heures, diminuer les allocations chômage, plafonner les indemnités des Prudhommes, retarder l’âge de la retraite jusqu’à 65 ans, supprimer la fonction territoriale, mettre fin à l’impôt de solidarité sur la fortune, limiter la solidarité nationale envers les plus démunis et moduler l’obligation de logements sociaux actuellement en vigueur. Pas moins. Et ce n’est qu’un début, puisqu’il prévoit de prendre ces mesures par ordonnances, ce qui le dispenserait de débats longs et fastidieux au sein de la représentation nationale, dont il n’a manifestement pas grand-chose à battre. Voilà donc ce que les Français seront réputés vouloir. Belle modernité en effet que ce schéma très classique porté par un énarque en tous points conforme au moule dans lequel il s’est inscrit depuis le plus jeune âge.