À moitié vide à moitié plein

C’est le choix que l’on a pour estimer le verre devant nous. C’est une image, qui illustre bien que l’évaluation d’un phénomène peut dépendre totalement de notre humeur du moment.

Ce que l’on fait dans cette situation s’appelle relativiser. Cela revient donc à faire perdre le caractère absolu d’une chose par une mise en rapport avec une autre chose comparable. Cela peut s’exprimer plus simplement par la capacité à dédramatiser, minimiser, dépassionner, faire la part des choses, mettre à distance, prendre du champ, du recul, de la hauteur, ramener à de justes proportions.

Relativiser une situation n’est pas pour autant la dénigrer, c’est une démarche de rationalisation grâce à laquelle on peut arriver à la dominer. Par exemple, relativiser ses peurs amène à les maîtriser, à s’efforcer d’objectiver la situation plutôt que de la subir. Cet effort revient à injecter un peu de sagesse stoïcienne dans une époque où l’émotion a pris le dessus, cette dernière étant plus vendeur auprès des médias. Ce manque de relativité dans le traitement de l’information par exemple nous conduit à altérer notre confiance en l’avenir, à augmenter notre peur de l’inconnu et notre pessimisme. C’est un phénomène exploité par les politiques de droite, pour capter un électorat.

Un exemple récent : la répartition des réfugiés sur le territoire français peut être évaluée soit (verre à moitié vide) comme une menace pour la tranquillité, la sécurité des populations accueillantes, soit (verre à moitié plein) comme une chance pour redynamiser la vie de communes désertées.

 Le regretté Pierre-Marie, psychanalyste, disait : « ce n’est pas tant le réel qui importe, que le discours que l’on tient dessus ». Il ajoutait que nous sommes trop soumis au règne de l’immédiateté, que nous restons collés au réel sans prendre le temps de nous interroger sur notre vie et sur ce qui a été, car se remémorer les épisodes passés et les comparer au présent, c’est cela aussi relativiser.

Gare à l’excès de relativité quand cela arrange les gouvernants, comme le phénomène du réchauffement de la planète, car cet excès peut nous mener à une réelle catastrophe humanitaire bien qu’il y ait des effets bénéfiques secondaires du catastrophisme ambiant, il nous oblige à repenser la quotidienneté. Dans un temps de guerre l’obligation s’impose de se débrouiller avec le réel, si nous n’avons pas d’occasion de vivre et d’analyser des expériences de malaise et d’inconfort nous perdons ce qui fait notre humanité, la capacité de relativiser !

Nous ne sommes pas totalement démunis face à cette problématique du choix donc à cette obligation de relativiser, de nombreuses techniques psychologiques, des méthodes Vitoz à la PNL, nous proposent des exercices et des leçons pour nous aider à maîtriser, à dépasser nos peurs, nos angoisses, nos inquiétudes, dans le contexte social politique et économique du moment. J’aurais bien besoin de suivre l’une d’entre elles, car comme tout un chacun, il m’arrive souvent de considérer un petit souci comme une catastrophe, et je vais m’efforcer le plus souvent possible de prendre du recul et ramener les émotions et les événements à leur juste proportion pour plus de sérénité.

L’invitée du dimanche