Bon appétit !
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le samedi 10 septembre 2016 11:06
- Écrit par Claude Séné
Oui, bon appétit, messieurs, conseillers vertueux et autres ministres intègres qui avez les moyens de servir la soupe à Emmanuel Macron en allant dîner à Londres avec l’ancien ministre qui roule désormais pour son propre compte en vue de la présidentielle de 2017. Car le ticket d’entrée est quand même fixé à 7 500 euros le sandwich amélioré, soit le plafond de subventionnement possible en faveur d’un mouvement politique, même lorsqu’il se déguise en club de réflexion comme on disait autrefois. À ce prix-là, vous conviendrez qu’il faut avoir l’estomac bien accroché pour digérer à la fois la cuisine d’outre-Manche et les propos du candidat.
Le choix du lieu est déjà édifiant en lui-même. Si Londres n’est pas à ma connaissance la capitale de la gastronomie mondiale, elle recèle une grande concentration de milieux d’affaires internationales, dans lesquels un ancien banquier de chez Rothschild se retrouve dans son élément en compagnie de personnes de sa caste et de son rang. Contrairement à ce que croyait Coluche, le caviar n’est pas plus mauvais consommé à la louche, particulièrement si celle-ci est en argent. Et puis au moins, il ne risque pas d’être interpellé par des pue-la-sueur en tee-shirt. Quand on peut claquer 5 fois le SMIC brut mensuel pour un seul repas, on a bien évidemment les moyens de se payer le costard qui va avec la fonction. Bien entendu, tous ces mécènes qui n’ont le portefeuille ni à gauche ni à droite, mais tout près du cœur, n’entendent pas investir à fonds perdu. Ils escomptent quelque retour en cas de réussite de leur poulain et sauront bien présenter la facture le moment venu.
Personnellement, j’ai par avance l’estomac retourné par cette tambouille électorale que l’on veut nous présenter comme de la nouvelle cuisine. À la façon de Ruy Blas, j’observe que l’état est indigent et que le peuple porte sa charge énorme tandis que la maison est pillée par ses serviteurs. En guise de nouvelles recettes, Emmanuel Macron ne propose que des aménagements modernistes d’un libéralisme ancien. Il veut accompagner une ubérisation de la société, où le profit immédiat se fait au détriment de la protection sociale, où les garde-fous qui tempéraient les inégalités sautent les uns après les autres. Le véritable instigateur de la loi réformant le Code du travail qui continue d’être rejetée par une majorité de Français malgré sa promulgation, c’est lui, ainsi que l’essentiel de la politique économique de François Hollande qui lui vaut son impopularité actuelle. Alors, merci bien, je laisse le festin aux vautours.