Plus moche la mort

Ce pourrait être le titre d’un feuilleton qui se déroulerait dans la ville de Marseille et ses environs. Traditionnellement, ses premiers épisodes avaient pour cadre les fameux quartiers nord de la ville, et ils mettaient aux prises les trafiquants de drogue qui se disputent le marché. Il s’agissait en général de jeunes adultes, désireux de faire carrière rapidement dans cette économie parallèle, et prêts à éliminer la concurrence par les moyens les plus radicaux. Depuis quelques mois, il semble que la violence et la criminalité aient franchi un palier dans la métropole phocéenne, comme en témoigne l’actualité récente.

Le dernier règlement de compte a eu lieu en plein centre-ville, dans le quartier du Panier qui semble avoir servi de modèle à celui du Mistral, inventé pour les besoins de la série télévisée de France 3. Deux hommes, de 41 et 59 ans, ont été abattus dans un café qui aurait pu être celui de Roland Marci dans le feuilleton. Une des victimes était connue comme une figure du milieu traditionnel marseillais, un héritage de la « french connection ». Car il ne faut pas oublier que Marseille est depuis longtemps une plaque tournante de trafics en tous genres. Elle a souvent été comparée à Chicago, qui jouit d’une réputation de repaire de la pègre qui n’est pas usurpée depuis le fameux Alphonse Capone. Et ce n’est sans doute pas un hasard si la capitale de l’Illinois a connu une recrudescence de la violence ces derniers mois avec un pic en mai qui a vu se perpétrer 66 meurtres.

Nous n’en sommes pas encore là à Marseille, mais 10 morts par arme à feu en moins d’un mois restent un total préoccupant. Surtout si l’on y ajoute les balles perdues qui ont tué un chauffeur-livreur en avril et blessé grièvement une adolescente en juin. Pour ne rien arranger, le dernier incendie qui a détruit une partie du parc national des calanques, est probablement d’origine criminelle, et la délinquance ordinaire continue à sévir, comme ce vol à l’arraché d’une chaine en or d’un retraité de 80 ans qui a abouti à son décès sous les coups de ses deux agresseurs. Devant cette situation inquiétante, le maire de la ville est indigné et en colère. Heureusement, Jean-Claude Gaudin a identifié les coupables : ce sont la presse et les médias, qui feraient une publicité excessive à ces malheureux incidents. Il n’a pas osé dire qu’ils les inventaient de toutes pièces, mais c’est bien pour ne pas accréditer la thèse selon laquelle les Marseillais exagèrent toujours. Elle n’est pas belle, la vie ?