Arrête ton charre !
- Détails
- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le lundi 22 août 2016 10:21
- Écrit par Claude Séné
Ça faisait un moment que l’on n’entendait plus parler du ministre de l’Économie et des Finances, et pour parler franchement, ça ne me manquait pas plus qu’à vous. Le sémillant Emmanuel Macron a choisi un lieu symbolique pour effectuer sa rentrée en allant rendre visite au Fou du Puy, le ci-devant Philippe de Villiers, que l’on avait enterré un peu trop vite et qui conserve un pouvoir de nuisance en tant que supplétif du Front National. Les deux individus ont fait assaut de flagornerie et d’échange de bons procédés, chacun reconnaissant à l’autre une bonne dose de démagogie.
Et le ministre, qui se revendique n'être ni de gauche, ni de gauche, nous a délivré un scoop en révélant au monde ébahi qu’il n’était pas socialiste. S’il reste encore de véritables socialistes fidèles à l’esprit de Jaurès, ils lui seront reconnaissants de ne pas les avoir mêlés à ses petites « combinazioni » destinées à préparer le terrain pour une candidature présidentielle à plus ou moins brève échéance. Si Emmanuel Macron a tenu à apporter cette précision, c’est, parait-il, par « honnêteté », une impérieuse nécessité qui ne l’a cependant pas amené à démissionner de son poste et ne l’empêche pas de rester ministre malgré lui.
Mais le clou du spectacle a été sans conteste la prestation de Macron en conducteur de char d’un jour, un exercice dont il s’est parfaitement acquitté, lui ouvrant des perspectives de reconversion inattendues. Dommage que le remake de Ben-Hur soit déjà sorti, ses talents de comédien y auraient fait merveille, et surtout nous auraient délivrés de ce qui ressemble de plus en plus à un boulet pour les progressistes. À chacune de ses sorties médiatiques on est tenté de crier : « il ne faut quand même pas charrier », mais en vain. Il suit inexorablement son ambition, malencontreusement encouragée au départ par François Hollande, qui doit le regretter à présent qu’il lui fait de l’ombre. S’il venait à exercer de plus grandes responsabilités, on peut parier qu’avec lui le char de l’état naviguerait sur un volcan, selon la célèbre formule de Joseph Prudhomme, personnage emphatique et sot créé par Henry Monnier. À moins qu’il ne préfère utiliser l’image saisissante employée par Félix Houphouët-Boigny, ancien président de la Côte d’Ivoire :« Nous étions au bord d’un gouffre et nous avons fait un grand pas en avant. »
Commentaires