La paresse
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le dimanche 21 août 2016 09:55
- Écrit par L'invitée du dimanche
Septième et dernier péché capital, c’est peut-être celui que je connais le mieux… et qui est sans doute le mieux partagé dans toute l’humanité.
Dans sa définition générale, être paresseux c’est avoir une propension à ne rien faire, une répugnance à l’effort, au travail qu’il serait nécessaire de faire pour soi ou pour les autres. Le paresseux manque d’énergie, est apathique, montre un certain goût pour l’oisiveté, une force d’inertie évidente…
Les symptômes de la paresse sont nombreux : instabilité, recherche de nouveautés, impatience, manque de persévérance, mollesse spirituelle, dispersion, manque de motivation, manque de volonté, et bien sûr la procrastination (pas facile à placer dans une conversation celui-là) qui consiste à remettre au lendemain ce qui pourrait être fait aujourd’hui, preuve de la difficulté à se mettre au travail. Ce à quoi je n’ai pas succombé, malgré ma terrible envie, vaincue par mon sens du devoir.
Du point de vue catholique, puisque l’éternel a ordonné à l’homme de travailler, ne rien faire c’est un péché. À l’origine, la paresse ou acédie désignait plutôt une anorexie spirituelle. Par amour déréglé du repos, le chrétien était porté à négliger ses devoirs. Il trouvait les offices trop longs, les sermons l’ennuyaient, il oubliait ses prières, autant de manquements à l’exercice de sa foi considérés alors comme un péché.
Si l’on se dégage de cette vision religieuse, sur le plan philosophique et social, la paresse se définit essentiellement par opposition au travail, surtout depuis l’industrialisation qui aliène le travailleur. Au XIXe siècle, on en arrive à faire « l’éloge de la paresse » comme Eugène Marsan et l’on va jusqu’à revendiquer « le droit à la paresse » développé par Paul Lafargue pour riposter à l’étrange folie qui possède les classes ouvrières : l’amour du travail. Il considère même que la paresse est la mère de toutes les vertus, car elle permet à l’homme d’économiser ses forces, de surmonter ses déceptions, d’inventer des organisations sociales, et d’imaginer des cultures. Rien ne pourra jamais venir détruire tout cela.
Cette opposition travail paresse est encore de nos jours un sujet de réflexions philosophiques voire politiques et soulève la question des loisirs, de l’allégement du temps de travail… plutôt que de les opposer il vaut mieux je pense trouver une harmonie dans leurs relations, pour goûter la paresse il faut bien avoir goûté au travail !
Satisfaite ce matin d’avoir dépassé momentanément ma flemme, ma cosse, mon indolence, je vais cependant sacrifier à ma paresse qui selon Jules Renard est « une habitude de se reposer avant la fatigue ».
L’invitée du dimanche
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