Elle va être longue

Elle va être très longue, cette campagne présidentielle aux États-Unis. Les deux candidats principaux sont maintenant officiellement désignés et ils vont tenter de rassembler leurs camps respectifs, après avoir passé des mois à se dénigrer les uns les autres. Et ce ne sera pas facile. Côté républicain, le rival malheureux de Donald Trump, Ted Cruz, s’est débrouillé pour ne pas soutenir officiellement le candidat de son parti, ouvertement critiqué par une bonne partie de la base. Côté démocrate, ce sont les partisans de Bernie Sanders qui se font tirer l’oreille pour soutenir Hillary Clinton, malgré le ralliement de leur champion.

Mais les affaires sérieuses ne font que commencer. Comme on le sait, aux USA, tous les coups sont permis, y compris, voire surtout, les coups bas. Les candidats ne sont pas supposés se contenter de défendre leurs positions, mais ils peuvent et ils doivent démolir les thèses de leur adversaire et si possible les discréditer aux yeux de l’opinion. Le combat a déjà commencé avec la fuite savamment orchestrée de mails démontrant la partialité de l’appareil du parti démocrate qui a favorisé sciemment la candidature d’Hillary Clinton. Une cyber attaque attribuée aux services secrets russes, auxquels Donald Trump a aussitôt fait appel pour retrouver la correspondance disparue quand son adversaire était secrétaire d’État et qu’elle utilisait sa messagerie personnelle pour régler des affaires confidentielles. Pas en reste, le parti démocrate a fait monter au créneau les parents d’un soldat américain mort au combat en Irak en 2004 et de confession musulmane, pour contrer les propositions de Trump de refouler ou de bannir les musulmans du territoire national.

Mais le premier coup porté en dessous de la ceinture est venu du camp conservateur lui-même, plutôt favorable par nature aux républicains. C’est le New York Post, appartenant au groupe de Rupert Murdoch, qui a publié des photos dénudées de la femme actuelle de Donald Trump, du temps où elle était modèle et posait pour le magazine français Max. Une publication minimisée par le candidat républicain qui indique que c’est une pratique courante en Europe. Ce qui n’est pas faux puisque Carla Bruni a également posé dans le plus simple appareil avant d’épouser Nicolas Sarkozy et devenir « première dame » de France. Il faut cependant souhaiter que cette publication ne devienne pas le point de départ d’une escalade dans laquelle la candidate démocrate verrait son intimité dévoilée, à l’instar de l’affaire Lewinsky qui avait touché son mari. Les atouts d’Hillary Clinton me semblent plus intellectuels que physiques, et ce n’est pas plus mal.