La colère

Ce que condamne l’église, dans ce mouvement désordonné de l’esprit, c’est qu’il génère la violence et, en ce sens, est une agression pour l’entourage qu’il dérange directement. C’est une passion qui étouffe les pensées et qui est souvent mue par le désir de punir celui qui nous a causé un dommage injustement. Il peut donc y avoir sous-entendu une notion de vengeance, complètement opposée au principe de pardon prôné par le christianisme.

Pour le païen, la colère fait autant souffrir celui qui l’exprime, car elle traduit une insatisfaction, une réaction à la frustration. Il y a des degrés dans la colère : cela peut être du mécontentement, de l’irritation, de l’exaspération causée par un manque, de la rage déclenchée par l‘impuissance à se soustraire à la situation non désirée, de la révolte dans une situation causée par une injustice.

Ce sentiment, vécu un jour par tous, consomme beaucoup d’énergie et n’aide pas vraiment à régler les problèmes, même si c’est un carburant puissant pour modifier ce que nous considérons comme injuste, illégitime, pénible. C’est un moteur dans beaucoup d’engagements. Il a le mérite d’informer notre interlocuteur de notre opposition. C’est peut-être aussi un paravent de notre doute, de notre vulnérabilité, pour éviter les agressions de nos interlocuteurs, on sait bien que la meilleure défense est souvent l’attaque. La colère semble parfois la seule arme possible pour masquer notre faiblesse, notre manque d’arguments de défense, autrement dit un essai de désarmement de l’adversaire, ce qui peut se retourner contre nous, car elle met l’interlocuteur sur la défensive, déchaînant sa propre colère et nous voilà dans un dialogue de sourds !

On dit que la colère, avec son côté obscur des raisons qui la font se déclencher, est dite mauvaise conseillère, car elle nous fait souvent agir dans l’immédiateté, dans l’instinctif, et qu’il vaut mieux tout en acceptant de la ressentir, de prendre du recul pour trouver un autre canal pour exprimer nos sentiments que celui de la violence qu’elle amène.

   Prendre du recul, prendre le temps de la réflexion sur la cause de la frustration qui crée un obstacle à notre satisfaction, c’est parfois se diriger vers une colère froide, plus percutante que celle qui s’est exprimée dans la spontanéité ! Il est aussi des colères que l’on considère comme saines (elles nous font protester collectivement contre les injustices flagrantes ou les agressions aveugles), car elles ont un effet libérateur sur les tensions émotionnelles, il n’est pas toujours bon de les rentrer et encore moins de les ignorer. Ce qu’il faudrait surtout, c’est apprendre à les gérer en comprenant comment, combien et pourquoi on est affecté et ajuster son comportement pour régler la situation conflictuelle autrement que dans la violence verbale ou active, car il est vrai qu’une fois la colère retombée, on regrette presque toujours de s’être laissé submerger par cette émotion déclenchée par d’autres émotions masquées telles que la peur, la tristesse, la solitude, la frustration…

Avec l’exploration de ce sentiment humain, encore une belle occasion de faire sa propre introspection, bon courage !

L’invitée du dimanche

Commentaires  

#1 Claude 31-07-2016 10:11
Je ne résiste pas à l'envie (sujet de la semaine dernière)de citer Pierre Desproges: " bonjour, ma colère! salut, ma hargne! et mon courroux, coucou!" devise dont j'avais orné mes premières chroniques il y a déjà 10 ans et quelques...
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