On est chez nous !
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le mardi 9 février 2016 10:30
- Écrit par Claude Séné
C’est par une magnifique faute de français que les manifestants quelque peu éparpillés ont répondu à l’appel de l’organisation Pegida à Calais samedi dernier. Coluche aurait sans doute ajouté : « c’est quand même nous qu’on paye, hein ! » et peut-être aussi « on, est un con », mais c’est moins sûr. C’est quand même un peu inquiétant pour notre démocratie que ce soit un mouvement fascisant venu de l’étranger qui essaie d’essaimer dans notre pays pour protester contre la présence de réfugiés, au nom d’un territoire auquel il n’appartient pas.
Les bons Français qui manifestaient à Calais, n’étaient pas originaires du Calaisis pour la plupart, à peine de la grande région Nord, et n’avaient donc aucun grief personnel autre qu’idéologique contre ceux dont ils dénonçaient la présence. Ils avaient choisi la ville de Calais en tablant sur l’exaspération des habitants, soumis à une présence continuelle de candidats à l’exil pour l’Angleterre, amenés à utiliser tous les moyens pour tenter de mener à bien leur projet. Il se trouve que les Calaisiens font preuve, pour la plupart, d’un sang-froid remarquable, certains d’entre eux manifestent même une solidarité exemplaire et pratiquement aucun ne s’est laissé tenter par les sirènes de Pegida. Il y avait d’autres manifestations organisées un peu partout en Europe, et elles ont subi le même sort, à part dans les bastions historiques où est né le mouvement, comme à Dresde ou à Cologne.
C’est que les arrière-pensées du mouvement ne sont que trop évidentes. Jouant sur la peur des étrangers, il vise à fédérer toutes les oppositions à l’Islam dans une sorte de guerre de religion, ranimant le vieux fantasme de l’envahissement par des hordes de « barbares ». Il joue évidemment sur le nationalisme, faisant songer à de vieux slogans d’une époque révolue où l’on appelait les Français à préférer la Corrèze au Zambèze. Ce qui est piquant, c’est que le tribun de la manifestation interdite de Calais n’était autre qu’un ancien commandant de la Légion étrangère, le général Piquemal, qui a d’ailleurs été interpelé, placé en garde à vue et mis en examen, avant d’être libéré pour raison de santé. Apparemment, ce général-là est un quarteron à lui tout seul, comme celui du putsch d’Alger que dénonçait de Gaulle en 1961. Il a depuis pris ses distances avec le mouvement Pegida, mais il a reçu le soutien du Front national, tout un symbole. « On a beau me dire qu’en France, on peut dormir à l’abri, des Pinochet en puissance travaillent aussi du képi » (Jean Ferrat)