Plus blanc que blanc
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le mercredi 20 novembre 2024 10:45
- Écrit par Claude Séné
Ce serait l’effet produit selon Jordan Bardella par un procès en appel permettant à Marine Le Pen de se disculper des accusations qui pèsent contre elle dans l’affaire des attachés parlementaires européens au service du Rassemblement national. Il emprunte l’expression, sans citer ses sources, à un fameux sketch de Coluche sur les publicités de produits lessiviels, qui nous vantaient leur efficacité, notamment la marque Omo, supposée laver « plus blanc que blanc ». Une formule qui suscitait la perplexité de l’humoriste. Je cite : « moins blanc que blanc, je me doute, ça doit être gris clair, mais plus blanc que blanc ? »
Bon, j’ai l’air de me moquer, mais le sujet est très sérieux. Le président du RN, voulant voler au secours de sa candidate qui risque une peine d’inéligibilité l’empêchant de se présenter à l’élection présidentielle, lui a probablement savonné involontairement la planche en édictant une règle encore plus sévère que la peine éventuelle prononcée par la justice. À propos des candidats douteux qui ont par le passé bénéficié de l’investiture de son parti, il précise que désormais le simple fait de ne pas avoir de casier judiciaire vierge empêchera automatiquement de se prévaloir du soutien du Rassemblement national. Y compris Marine Le Pen ? pas d’exception, répond le brave soldat Jordan Bardella, pour qui l’innocence de sa patronne ne peut qu’éclater au grand jour en cas d’appel de sa part. Voilà qui témoigne d’une confiance remarquable dans les personnes publiques et les institutions judiciaires, qui paraissent bénéficier d’une infaillibilité que personne n’a jamais connue jusqu’ici.
Mais après tout, chiche ! pourquoi pas ? Je serais pour une fois d’accord avec la formation de Jordan Bardella pour écarter définitivement et à la première incartade tout candidat reconnu coupable d’une infraction portant atteinte à sa probité vis-à-vis du public, particulièrement en cas d’enrichissement personnel. Et pour être sûr qu’il n’y aura pas d’exceptions à la règle ni de traitement de faveur, il faudrait que cette disposition soit actée par une loi pour s’appliquer à tous les niveaux de représentativité. Cette disposition a déjà été envisagée et n’a pas été retenue pour cause d’un risque de rejet par le Conseil constitutionnel au nom de l’égalité devant la loi. Ce serait pourtant et au contraire une mesure d’exemplarité, un devoir minimal de respect de la vie en société, un rempart contre le populisme qui gagne du terrain, et la Constitution qui a déjà été l’objet de révisions moins fondamentales pourrait avantageusement être adaptée pour plus d’intégrité dans la vie publique. Pour cela, une loi est nécessaire. Trop d’exemples récents démontrent que l’on ne peut pas compter sur les partis pour faire le ménage dans leurs rangs. À peine terminée sa déclaration que lui-même s’appliquait à en faire l’exégèse pour clamer l’innocence de sa candidate, soi-disant victime d’un acharnement médiatique et judiciaire.