Rase campagne et plates coutures

La semaine s’annonçait pourtant bonne pour le Président Macron qui recevait coup sur coup la visite royale de Charles III, accompagné de la reine Camilla, et du pape François en personne, un évènement planétaire comme il n’en arrive que peu dans une carrière. Si le discours vaguement écologiste du roi d’Angleterre, tenu à un devoir de réserve, n’a guère dû gêner le président aux entournures, il se serait sans doute volontiers passé des déclarations papales sur la fin de vie au moment où une nouvelle loi sur l’euthanasie risque de diviser l’opinion.

Mais Emmanuel Macron a, semble-t-il, plusieurs autres chats à fouetter, à commencer par les résultats des élections sénatoriales, où le parti présidentiel, déjà très minoritaire, a encore perdu quelques sièges, tandis que le Rassemblement national y fait son retour. Globalement, Renaissance reste très marginal dans une assemblée toujours dominée par la droite des Républicains. Le parti socialiste et la gauche, hormis la France insoumise, améliorent également leur score. Autre épine dans le pied présidentiel, la situation au Niger. Après avoir tenté de sauver la face en s’arque boutant sur une position de principe intenable, Emmanuel Macron a fini par capituler piteusement en annonçant le rappel de l’ambassadeur français et l’évacuation prochaine des troupes stationnées au Niger, toutes choses inévitables malgré les postures belliqueuses affichées vis-à-vis de la junte militaire qui a pris le pouvoir.

En politique intérieure, le président est confronté au problème de l’inflation, et en particulier à celui du prix du carburant. On se souvient de la fausse bonne idée, qui a fait un flop retentissant, consistant à essayer de se défausser sur les distributeurs en leur enjoignant de vendre à perte, quitte à modifier la loi, pour alléger la note payée principalement par les automobilistes, sans mettre la main à son propre portefeuille. Encore raté. Les vendeurs ont refusé tout net d’être les dindons de la farce. Le président a dû changer son fusil d’épaule et annonce, pour ne pas perdre la face, un tarif « à prix coûtant » qui rapportera au mieux, 1 ou 2 centimes par litre à la pompe. Et ce n’est pas un simple chèque carburant annuel sous condition de ressources qui suffira à arrêter l’hémorragie en matière de prix. Parmi les autres sujets qui fâchent, Emmanuel Macron a fait le service minimum sur la question de l’immigration. Selon lui, la France fait déjà largement sa part, ce qui la dispenserait de toute réflexion critique. Il se saisit d’une phrase malheureuse prononcée en d’autres temps et d’autres circonstances par Michel Rocard, qui justifiait l’inaction de son gouvernement par le fait que nous ne pouvions pas « héberger toute la misère du monde ». Est-ce une raison pour ne faire que le strict minimum ? Je ne le crois pas.