Marseille vaut-elle une messe ?
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le jeudi 21 septembre 2023 10:48
- Écrit par Claude Séné
De même que le roi Henri IV aurait utilisé cette expression : « Paris vaut bien une messe » pour justifier sa conversion au catholicisme qui lui a permis d’accéder au trône et d’être couronné par l’évêque Nicolas de Thou en la cathédrale de Chartres en 1594, mettant ainsi fin aux guerres de religion de l’époque, Emmanuel Macron a peut-être pensé que la visite du Pape François à Marseille était l’occasion rêvée de se mettre en scène dans la cité phocéenne dont on sait que c’est sa ville de cœur. Fallait-il pour autant qu’il participe es-qualité à la cérémonie religieuse, à cette messe que le pape va célébrer dans le stade vélodrome, emblème du club de football de l’olympique de Marseille ?
Pour le chef de l’état, la réponse est oui. De son point de vue, sa place est d’être aux côtés du pape François, qui est également le chef de l’état du Vatican, en tant que collègue, donc, par respect et par courtoisie, selon ses propres termes. Il précise d’ailleurs qu’il y sera en tant que président en exercice et non comme catholique pratiquant. J’ai le regret de devoir lui dire qu’il a tout faux. Si Emmanuel Macron comme personne privée appartient à l’église catholique et qu’il désire participer à ce culte comme un fidèle parmi d’autres, c’est son droit le plus strict. Comme tout citoyen français, il bénéficie de la liberté totale de croire ou ne pas croire et de pratiquer sa religion comme il le souhaite. En revanche, il a été élu, malgré mon opposition et celle d’un grand nombre de Français pour représenter l’ensemble des citoyens et leur diversité d’opinions. À ce titre, il ne peut ni ne doit manifester quelque préférence que ce soit à l’égard d’une religion ou d’une autre.
Le pape François ne vient pas en France au nom du seul état du Vatican, mais au nom de toute la communauté religieuse qu’il représente. Il va célébrer une messe, c’est-à-dire une cérémonie religieuse par laquelle les fidèles expriment leur croyance dans un sacrifice non seulement symbolique, mais qui se renouvellerait dans la réalité présente d’un groupe de personnes réunies à cet effet. Paraphrasant les revendications pour les droits humains aux États-Unis, j’ai envie de dire, « not in my name », pas en mon nom, monsieur le président. Ce n’est pourtant pas faute de connaître la définition de la laïcité à la française, qu’il nous sert à toutes les sauces quand il y voit son intérêt : une forme de neutralité de l’état, qui reconnait toutes les religions sans en privilégier aucune, qui garantit à chaque citoyen le droit de croire ou non et de pratique la religion de son choix, sans en subventionner une seule, selon la loi de 1905 instaurant la séparation des églises et de l’état.