Réconciliation ou conciliation ?

La différence est subtile, la première démarche consiste à réconcilier des adversaires « fâchés » avec pour objectif de transformer les parties, de faire évoluer leurs relations. La deuxième démarche consiste à trouver un arrangement amiable entre deux personnes en conflit… on peut supposer que si la conciliation a permis de trouver un accord entre des personnes en litige, on pourrait peut-être arriver à une réconciliation !

La conciliation c’est une instance qui précède un procès, on tente un arrangement, avec l’aide s’il le faut d’un médiateur. Elle est obligatoire avant toute demande de procès, c’est ainsi que c’est la première étape dans une procédure de divorce, mais aussi pour tout autre litige civil, familial ou professionnel. Elle peut se conclure par un document écrit, signé, si un accord est trouvé, validé éventuellement par un juge.

Il y a, hélas, des échecs face à des positions, des désirs, des exigences, des intérêts, des principes irréconciliables.

La réconciliation est une démarche plus complexe, surtout quand elle prend place dans le domaine politique et/ou international. Il y a ce qu’on appelle les réconciliations nationales, qui supposent l’acceptation, la déculpabilisation dans l’opinion publique d’une nation, après un épisode honteux de l’histoire récente du pays, elles permettront aux victimes de s’exprimer publiquement, et l’on invitera les auteurs d’exactions à reconnaître leurs actes. On peut penser à la nécessaire réconciliation des Français déchirés entre collabos et résistants, pour pouvoir reconstruire le pays, aussi bien qu’à la reconnaissance des harkis massacrés dans les rangs français en Algérie… C’est une action qui étaye la démocratie en développant les rapports de coopération nécessaires à sa mise en œuvre avec succès. Elle doit être soutenue par un souci de justice économique et politique, un partage social du pouvoir... et demande un courage politique évident !

En plein conflit social, notre président aura-t-il ce courage pour faire les démarches nécessaires, pour réconcilier les trois France qui se côtoient ? Celle de la diversité urbaine qui vote Mélenchon, celle de la ruralité, des ouvriers, des employés, effrayée par l’immigration, attachée aux valeurs traditionnelles qui vote Le Pen, et la sienne qui ne représente qu’un inscrit sur cinq puisqu’il a été élu avec 10 millions de voix de barrages. Pour cela, il faudrait qu’il soit prêt à entendre tous les points de vue contradictoires, pour trouver des solutions de compromis, avoir un esprit de conciliation.

Des conciliations, il y en a de possibles, les partis de gauche et écologistes ont fait front uni pour les élections législatives avec la NUPES, les syndicats ont fait bloc contre la réforme des retraites… tout est possible quand il est question de la survie de la démocratie !

Le ni droite ni gauche consistait seulement à un débauchage à droite et à gauche auprès de personnalités à conscience politique variable, la gestion en force avec le 49-3 a coupé le président de la masse populaire, et s’il ne corrige pas sa surdité sans fond pour rassembler, réconcilier tous les vrais démocrates avec une vision partagée de l’avenir, son deuxième quinquennat aura un parfum d’échec. Ce ne sont pas ses tentatives maladroites à l’international, entre autres en direction de Poutine, qui sauveront son image. Et si pour panser la blessure de son ego incommensurable, il était capable de changer de cap de gouvernance ? On peut rêver !

L’invitée du dimanche

Commentaires  

#1 Diabloguiste 26-03-2023 10:33
Pour filer cette métaphore bien observée du divorce entre Emmanuel Macron et le peuple français, je crois que le recours au 49.3 a acté la non-conciliation entre les parties. Il va être long, ce quinquennat, il va être long...
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