Qui sème le vent…
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le lundi 20 juin 2022 10:30
- Écrit par Claude Séné
Il est toujours plus facile d’expliquer le passé que de prédire l’avenir, n’importe quel météorologue vous le dira. En ce qui concerne la politique, c’est la même chose. Personne ne s’attendait à une déroute aussi nette de la majorité sortante dans des élections législatives qui confirment généralement les résultats des présidentielles, et surtout pas Emmanuel Macron, qui avait misé sur une discrétion confinant à l’absence totale de campagne. Après coup, on se rend compte que sa réélection était plus imputable à un rejet des thèses du Rassemblement national, qui réalisait cependant son meilleur score, que d’une véritable adhésion au programme du candidat.
Je reconnais que je ne suis pas mécontent que le caquet présidentiel, souvent insupportable, soit quelque peu rabattu et que son ego surdimensionné retrouve des proportions plus conformes à sa valeur objective. Peut-être, même si j’en doute, devra-t-il mettre un peu d’eau bénite dans son vin de messe et se préoccuper davantage des manants que des seigneurs du CAC 40. Si, formellement, rien n’oblige le gouvernement à démissionner, mis à part les trois ministres battus, la logique voudrait que sa feuille de route soit modifiée pour tenir compte des aspirations des Français qui l’ont clairement désavoué. Un exemple entre tous, le relèvement de l’âge de départ à la retraite à 64 ou 65 ans, mis stupidement en avant par le président entre les deux tours et rejeté par une majorité des électeurs, devrait être purement et simplement abandonné. Persévérer dans l’erreur serait non seulement diabolique, mais suicidaire dans l’état actuel du rapport de forces. L’ex-majorité s’est gargarisée de proclamer qu’Emmanuel Macron était le seul président réélu hors cohabitation. Patience. La cohabitation n’est pas si éloignée quand on ne dispose pas d’une majorité solide.
Ce quinquennat risque de paraître bien long au pouvoir s’il lui faut batailler pour chaque mesure envisagée et trouver une majorité de circonstances pour la voter. Emmanuel Macron paie aujourd’hui le prix de sa stratégie. Il a débauché individuellement des personnalités classées auparavant à gauche et à droite, sur le slogan d’un « en même temps » brouillant les pistes. Il a réussi à déstabiliser les électorats et à affaiblir les partis de gouvernement, que ce soit le PS ou les LR, sans toutefois construire une implantation locale qui lui fait cruellement défaut dans les élections intermédiaires. Son petit socle de partisans encore aveuglé par la tchatche présidentielle lui a suffi pour passer le premier tour et remporter la victoire face à Marine Le Pen, mais il a trouvé ses limites en laissant entrer le Rassemblement national en force à l’Assemblée nationale. Au passage, on notera que les sondeurs n’ont pas vu venir le phénomène et ont largement sous-estimé le score du RN, qui n’en revient toujours pas. Le président demandait une majorité claire pour poursuivre dans ses desseins les plus funestes. Le peuple lui a répondu en lui refusant un chèque en blanc.