Tout le monde veut prendre sa place
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le mercredi 2 février 2022 11:07
- Écrit par Claude Séné
Au moment où les premiers décomptes des parrainages des candidats à l’élection présidentielle commencent à être publiés, la similitude avec le jeu télévisé diffusé sur la 2e chaîne m’est apparue comme une évidence, dont je m’étonne qu’elle ne m’ait pas frappé plus tôt. Le principe du jeu, porté pendant quinze ans par Nagui, est de tester des connaissances générales sur des sujets divers et variés, afin de sélectionner un challenger qui affrontera le champion en combat singulier et tentera de le détrôner. Outre la gloire de ce statut privilégié, le vainqueur empoche également une coquette somme d’argent.
Au début du jeu, les candidats à l’élection sont en nombre théoriquement illimité tandis que ceux de la télé ne sont que 6, ce qui est déjà suffisant pour ne pas désorienter le public, qui a besoin de s’identifier pour s’intéresser au jeu. Tout va donc être organisé pour que le champion en titre garde le fauteuil dans lequel il est assis symboliquement pendant que ses rivaux se disputent l’honneur de venir le défier en finale. Les règles sont établies pour qu’il puisse se maintenir très longtemps et par conséquent gagner beaucoup d’argent. Le champion a le privilège de choisir le thème du questionnaire auquel devra répondre son challenger, et le sien propre. En cas d’égalité, il reste champion, et si d’aventure il perd, il peut racheter sa défaite au challenger en lui proposant une somme d’argent pour conserver son privilège. C’est ce qui est arrivé à la championne actuelle, qui a perdu puis racheté son titre dans l’espoir de franchir la barre des 100 victoires, synonyme d’un bonus sous la forme d’une voiture en plus de ses gains qui se situeraient alors autour des 100 000 euros.
Les règles de l’élection présidentielle favorisent également les sortants, qui disposent de tout l’appareil d’état pour mener campagne avant même d’être candidats. Emmanuel Macron a visiblement l’intention de n’officialiser sa candidature que le plus tard possible, soit avant le 4 mars, date limite légale fixée. En attendant, il multiplie prises de parole et déplacements qui ne sont pas vraiment décomptés ni dans les comptes de campagne, plafonnés à 16 ou 22 millions pour le premier et le second tour, ni dans les temps pour une équité entre les candidats. Le président serait-il un candidat malgré lui, qui aurait déjà recueilli ses parrainages à l’insu de son plein gré ? Comme le champion de TLMVPSP, il se dit qu’il laisserait volontiers ses adversaires s’écharper entre eux, dédaignant de rentrer dans l’arène pour débattre avec ses concurrents, en se plaçant au-dessus de la mêlée. Tout au plus pourrait-il affronter le ou la deuxième entre les deux tours, en escomptant un débat aussi facile qu’en 2017 où sa rivale s’était torpillée toute seule.