Doublement
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le mercredi 15 septembre 2021 10:58
- Écrit par Claude Séné
Il y a doublement et doublement. Pour marquer son entrée en campagne et frapper les imaginations, je suppose, Anne Hidalgo a évoqué l’hypothèse de doubler les salaires des enseignants, en s’inspirant du niveau de rémunération en vigueur en Allemagne ou aux Pays-Bas. Que n’avait-elle pas dit là ! Jean-Michel Blanquer, actuel ministre de l’Éducation, s’est empressé de crier à la démagogie. Il est certain que ce risque de revalorisation est totalement exclu avec lui, qui se contente de passer une vague pommade en guise de reconnaissance du personnel éducatif. C’est pourtant un fait que les profs sont mal payés, et ce ne sont pas les seuls.
C’est bien ce qui tracasse les chroniqueurs les plus libéraux qui feignent de craindre un effet « tache d’huile » sur tous les fonctionnaires, ce qui est loin d’être automatique. Les hauts fonctionnaires sont payés très correctement, merci. Les grilles indiciaires prévoient des catégories, et il s’agit évidemment de revaloriser les moins bien payés. De son côté, Emmanuel Macron, à quelques mois de l’élection présidentielle, juge de la plus extrême urgence de doubler le nombre de policiers en tenue sur la voie publique. Il veut plus de « bleu » dans nos rues. Bizarrement, cette proposition, qui devrait pourtant être financée par l’état et donc les contribuables, comme les salaires des enseignants, ne suscite aucune objection dans les rangs de la majorité, ni même dans ceux de l’opposition de droite, qui ferait plutôt monter les enchères dans ce domaine. Après avoir dépensé sans compter pour soutenir l’économie pendant la phase la plus aigüe de la pandémie du Covid, le gouvernement est un peu embarrassé pour décréter que l’état ne pourrait pas se permettre de rémunérer correctement ses employés.
Pendant très longtemps, les économistes de droite, excusez du pléonasme, ont prétendu que les finances ne se relèveraient pas d’une politique de dépenses publiques soutenues. Les opposants de gauche prêchaient dans le désert quand ils affirmaient que l’argent existait. Il y a encore peu, on préconisait d’arroser la société par le haut, les plus riches, en espérant que l’argent finirait bien par descendre jusqu’aux pauvres, avant de « découvrir » ce que l’on savait depuis le début : que l’argent s’évaporait en chemin et qu’il n’en restait rien, arrivé à destination. Alors il est facile d’ironiser, comme Daniel Cohn-Bendit, anciennement dit Dany le Rouge, puis Dany le Vert, avant de virer à une teinte indéfinissable, tendance caméléon, sur le doublement ou pourquoi pas le triplement des salaires. Il se garde bien de réagir à l’annonce de l’augmentation du SMIC, subi automatiquement par le gouvernement, qui ne lâchera, cette fois encore, pas le moindre centime supplémentaire, laissant les partenaires sociaux se débrouiller sachant que le MEDEF refuse toute négociation.