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Allers simples
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le jeudi 2 septembre 2021 10:51
- Écrit par Claude Séné
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Les relations consanguines entre télévision et politique ne datent pas d’hier. Après tout, c’est compréhensible. Les hommes politiques sont interviewés par des journalistes, souvent des femmes, et leurs rencontres peuvent amener à plus, si affinités. C’est ainsi que se sont formés certains couples célèbres tels que celui de Dominique Strauss-Khan et Anne Sinclair, qui a longtemps résisté à toutes les vicissitudes et les péripéties connues de tous. La perméabilité de ces deux univers explique probablement la tendance à passer de l’une, la politique, à l’autre, la télévision.
Le voyage se fait aussi parfois dans l’autre sens. Des présentateurs vedettes, comme Noël Mamère, ou Dominique Baudis, se sont lancés dans la politique, avec des fortunes diverses. C’était donc une demi-surprise que d’apprendre que Manuel Vals, ancien Premier ministre qui avait juré craché qu’il partait définitivement pour s’installer à Barcelone où il briguait le poste de maire, avait démissionné du conseil municipal catalan pour se consacrer au métier de chroniqueur consultant à la télévision. Il faisait hier ses premiers pas sur l’antenne de RMC avec sa casquette toute neuve, et l’on n’a pas été déçus du voyage. Libéré de toute censure intérieure, comme à l’époque où il déplorait le manque de « white », de « blancos » sur le marché de sa bonne ville d’Évry sans se rendre compte qu’il était filmé, il n’a pas hésité à prôner la destruction totale des quartiers difficiles de Marseille. « Il faut tout raser, tout reconstruire, repeupler autrement ces quartiers ». Une conception quelque peu radicale digne de l’Internationale (du passé, faisons table rase) qui ne va pas le rendre plus populaire dans les quartiers du même nom et qui révèle sa nature profonde, dictatoriale sous une apparence bon enfant.
Il n’est pas le seul à avoir pris son ticket pour la télé. L’ancien porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux, qu’on croyait totalement discrédité par la diffusion malencontreuse de sex-tapes explicites, va bientôt présenter une émission mensuelle consacrée à l’économie et aux stratégies d’entreprise sur une chaîne confidentielle, B Smart. Le public « de niche » visé suivra-t-il l’ancien député de la République en marche ? Nul ne le sait. Après tout, chacun a droit à une deuxième chance. À condition de ne pas en abuser. Quand Roselyne Bachelot a franchi le pas en devenant chroniqueuse de l’émission de Laurence Ferrari, le grand huit, passée la surprise initiale, le public a entériné son choix. Il n’a pas toujours compris en revanche son retour en politique comme ministre de la Culture, où elle a déjà dû manger son chapeau et avaler plusieurs couleuvres, un cocktail plutôt indigeste. Si l’on est indulgent pour les allers simples, on l’est moins pour les billets aller-retour, et plus du tout pour les animaux hybrides issus de relations contre nature, tels que Éric Zemmour, mi-politiques, mi-chroniqueurs, mais 100 % malfaisants.