Point Godwin

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Catégorie : Diabloguiste
Publié le jeudi 19 août 2021 10:36
Écrit par Claude Séné

Il n’aura pas fallu longtemps pour que se vérifie la loi de Godwin selon laquelle plus une discussion dure sur Internet, plus la probabilité de voir apparaitre une comparaison avec Adolf Hitler ou les nazis se rapproche des 100 %. La victoire éclair des Talibans en Afghanistan a suscité de nombreuses réactions et commentaires, notamment sur le fait de savoir si les pays « civilisés » pouvaient ou non entretenir des relations diplomatiques avec les nouveaux maîtres de Kaboul. C’est ainsi qu’un certain Josep Borell, dont j’ai appris à cette occasion qu’il était le « Haut représentant de l’Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité », a déclaré que : « les talibans ont gagné la guerre. Donc, nous devrons parler avec eux ».

Cette formule ambigüe a pu être interprétée comme une forme de réal politik, similaire à l’allégeance d’un Maréchal Pétain envers l’ennemi après la défaite de 1940, « faisant don de son corps » pour sauver ce qui pouvait encore l’être. On a pu aussi y voir une forme de naïveté des occidentaux prompts à croire sur parole des talibans proclamant avoir changé et être devenus parfaitement fréquentables, tant sur le plan des droits de l’homme que ceux, plus spécifiques, des droits des femmes. Sur la nature profonde du régime qui sera mis en place par les fondamentalistes islamistes, je crois que personne ne se fait véritablement d’illusions. Les seuls qui font semblant de croire à un virage complet des dirigeants du mouvement taliban sont ceux qui y trouvent un avantage politique et se dédouanent ainsi de leur inaction forcée. Justin Trudeau est un des rares chefs d’états occidentaux à avoir clairement annoncé que le Canada ne reconnaîtra pas le pouvoir taliban, bien que les porte-paroles du mouvement laissent entendre qu’ils pourraient former un gouvernement « inclusif », entendez par là qu’il pourrait comprendre des membres d’une société civile, à défaut d’une opposition réelle. On sait ce qu’il en est dans les pays comme l’Iran où le pouvoir réel asphyxie toute velléité de nuance avec les dirigeants religieux.

Malheureusement, la défaite militaire qui est désormais actée entraînera mécaniquement la mise en place d’un état régi par la loi religieuse, la charia, et tous ceux qui n’auront pas pu s’évader à temps devront s’y soumettre ou en subir les conséquences. Les fillettes seront à nouveau privées d’école, les femmes ne pourront plus aller et venir librement, leur accès aux métiers considérés comme masculins sera de nouveau limité et elles devront dissimuler leur corps sous les vêtements traditionnels parfois rebaptisés « cages à poules ». Les libertés de réunion, de pensée, d’opinion, des hommes comme des femmes seront bafouées et la démocratie, même très imparfaite, sera un lointain souvenir. Pendant ce temps, notre président s’interrogera sur le « bon niveau » de notre politique migratoire et mégotera sur l’accueil des réfugiés afghans tentant d’échapper à leur triste sort.