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À mots couverts
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le mercredi 11 août 2021 11:02
- Écrit par Claude Séné
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Comme chacun est supposé le savoir, l’antisémitisme n’est pas une opinion, mais un délit. La « provocation publique à la haine raciale » est en effet passible d’une amende pouvant atteindre 45 000 euros et une peine d’emprisonnement jusqu’à un an ferme. Des pénalités suffisamment dissuasives, bien que rarement appliquées, pour faire réfléchir les racistes tentés de clamer ouvertement leurs idées nauséabondes. Le temps n’est plus où un Louis-Ferdinand Céline pouvait publier en toute impunité ses pamphlets antisémites en se sentant encouragé par le pouvoir collaborationniste du maréchal Pétain.
De nos jours, le racisme et l’antisémitisme sont bien loin d’avoir disparu, mais ils avancent le plus souvent masqués, en utilisant un langage codé, supposé les mettre à l’abri des poursuites. On se souvient de ce geste inventé et popularisé par le « comique » Dieudonné, consistant à évoquer une variante du salut nazi, baptisée « la quenelle », destinée à permettre aux adeptes de cette nouvelle secte de se reconnaitre entre eux, sans tomber sous le coup de la loi. Il n’est ainsi pas nécessaire de dire explicitement tout le mal que l’on pense des juifs, le sous-entendu commun suffit à se faire comprendre. C’est ainsi qu’en juin dernier le général Delawarde, interviewé sur Cnews, finit par dénoncer « la communauté que vous connaissez bien », sous-entendu la communauté juive, en réponse à la demande pressante de Claude Posternak de lui dire « qui ? mais qui ? » serait derrière la « meute médiatique » accusée de comploter et de monter en épingle la pandémie du Covid-19. Cette interrogation faussement naïve est devenue le cri de ralliement de la fachosphère sur les réseaux sociaux. Cette question apparait également sur la pancarte brandie lors d’une manifestation anti pass sanitaire à Metz par une ancienne candidate du Front national en Moselle.
Cette professeur d’allemand devra répondre de ses actes le 8 septembre, pour cette pancarte « manifestement antisémite », ce que contestent ses défenseurs. 13 noms de « traitres » y sont cités, certains étant connus comme étant de confession juive, d’autres non. La décision de justice sera intéressante, quelle qu’elle soit. Pour des analystes de la complosphère, c’est l’ensemble des inscriptions qui établit un lien de collusion entre les personnalités manifestement juives et les autres, qui en seraient complices. Pour le public visé, abreuvé de théories du complot, le doute n’est pas permis. On disait autrefois par dérision : « c’est encore un coup des bonnes sœurs communistes », ce qui était aussi improbable à l’époque que l’invasion des cerveaux par des aliens reptiliens de nos jours. Si complot il y a, ce serait celui de la stratégie de disqualification de toutes les institutions, la désinformation systématique en instillant le doute sur tous les faits scientifiques avérés à ce jour, pour préparer le terrain à toutes les aventures populistes dans le but porter au pouvoir un nouveau Trump ou un nouveau Bolsonaro.
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