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Des verts désespérants
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le mardi 23 février 2021 10:41
- Écrit par Claude Séné
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Alors que le vert est traditionnellement la couleur de l’espérance, le mouvement politique qui a choisi cette teinte pour en faire son emblème n’en finit pas de me décevoir, non pas tant sur le fond de son combat que sur la forme qu’il a adoptée et dont le dernier avatar dans les cantines scolaires de Lyon est un exemple frappant. La municipalité, emmenée par le maire écologiste Gregory Doucet, a annoncé la mise en place d’un menu unique sans viande afin de « servir plus rapidement les élèves » pendant la période de la pandémie.
Nous savons qu’un repas peut être équilibré en remplaçant la viande par des protéines d’origine végétale, et là n’est pas la question. Elle est dans l’interprétation de la décision, qui apparait nécessairement comme un choix idéologique et expose inévitablement à des soupçons de sectarisme, mal camouflé par des aspects techniques servant de prétexte. Je passe sur l’hypocrisie de la droite et du gouvernement, trop heureux de se poser en défenseurs de la filière de l’élevage et la transformation des produits animaux, dont la pérennité n’est pas vraiment menacée par une décision locale et limitée dans le temps. L’occasion est trop belle pour les adversaires historiques de l’écologie de dénoncer une nouvelle fois les « ayatollahs verts », comme ils l’ont déjà fait dans un passé récent à propos des arbres de Noël par exemple. C’est ce que j’appellerai tendre le bâton pour se faire battre.
C’est d’autant plus dommageable que lors des municipales, ce sont souvent les écologistes qui ont pris la tête des coalitions progressistes et rassemblé des majorités permettant d’échapper au retour de la droite la plus bête du monde. On a souvent l’impression que les écologistes développent une sorte de névrose d’échec pour s’éviter l’exercice du pouvoir, et quand d’aventure ils y parviennent, de faire en sorte de dissuader leurs électeurs les moins convaincus de continuer à voter pour eux. Les stratégies d’évitement ne manquent pas dans l’histoire du mouvement écolo. Quand Nicolas Hulot caracolait en tête des sondages, son mouvement l’a écarté au profit d’Éva Joly, finalement créditée de 2,31 % des voix à l’élection présidentielle de 2012. Depuis très longtemps, le mouvement est écartelé entre des tendances contradictoires et doit se contenter de miettes en participant à des gouvernements où l’écologie est la 5e roue du carrosse. Je ne pense pas que ce soit en forçant la main des Français à l’échelon local que les verts vont populariser leurs idées et permettre l’émergence d’un pôle de rassemblement. Il n’y a eu pour l’instant que trois pays dans le monde dont le président se réclamait de l’écologie : l’Autriche, la Lettonie et Maurice. Pour y ajouter la France, il faudrait que les verts cessent de se tirer une balle dans le pied à chaque occasion et proposent des mesures à la fois réalistes et novatrices pour susciter l’adhésion des Français.
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