Quel gâchis !

C’est le terme qui me vient spontanément à l’esprit quand j’apprends que deux adolescents de 14 ans, un garçon et une fille, ont perdu la vie coup sur coup dans des bourgades de l’Essonne très loin de représenter une explosion de la violence dans l’imaginaire des Français, en tout cas le mien. Pour des raisons qui restent largement obscures pour le monde des adultes dont je fais partie, ces jeunes, qui appartenaient, semble-t-il, à des bandes rivales, se sont donné rendez-vous pour en découdre, avec le résultat que l’on sait.

Le phénomène n’est évidemment pas nouveau, mais il semble avoir tendance à se généraliser. Il n’y a pas très longtemps, une bagarre au couteau a fait deux blessés, dont l’un sérieux, dans la commune où je réside, et où je peux attester que le calme règne sans partage, en général. L’auteur des blessures, qui habite une cité-dortoir de la grande banlieue nantaise, a accueilli à coups de fusil les gendarmes venus l’interpeler avant de se rendre. Et je vous assure que je ne me sens pas vivre au Far West pour autant. La mort de ces très jeunes gens en région parisienne susciterait plutôt de la sidération, tant elle est injuste et incompréhensible. On ne peut pas s’empêcher de penser qu’une société qui permet un tel gâchis n’est pas acceptable, mais au moment de proposer des solutions pour éviter ce genre de situation, les valeurs personnelles des décideurs font des différences, et d’importance. Le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, s’est rendu sur place, comme il se doit, mais ses réactions ne feront pas l’unanimité. Il ne m’a pas paru particulièrement affecté par ces drames, ou alors il fait preuve d’une maîtrise de ses émotions qui confine à l’insensibilité. Mais passons, il n’est pas chargé de susciter la sympathie, même si une once d’empathie avec les victimes ne nuirait pas à son image de premier de la classe.

Il a annoncé, en guise de consolation aux familles, aux proches et à la population de ce département durement touché, le déploiement d’une centaine de policiers supplémentaires. Cela ne peut pas nuire dans la mesure où la zone est en sous-effectif endémique, mais cela sera-t-il vraiment dissuasif ? J’en doute. Le ministre aussi, probablement, puisqu’il a dégainé son arme fatale dans la foulée : culpabiliser les parents, afin de dédouaner l’état de ses responsabilités collectives et faire peser le constat d’échec sur les familles, remises opportunément en première ligne. Le ministre ne l’a pas annoncé, mais on peut deviner l’étape suivante, la mesure préférée de la droite classique dont il est issu, la sanction financière. Comme si la suppression d’une allocation, qu’elle soit familiale ou autre, avait jamais dissuadé qui que ce soit de commettre des délits. Vous êtes pauvre ? Pas encore suffisamment tant qu’on peut vous reprendre quelque chose.

Commentaires  

#1 jacotte 86 24-02-2021 13:30
a quand les rixes en maternelle puisqu'apparemment ce sont les collégiens qui se mettent en bande maintenant..
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