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Non au racisme
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le jeudi 10 décembre 2020 10:42
- Écrit par Claude Séné
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Ce qui n’était qu’un slogan inoffensif repris de temps en temps dans des campagnes de publicité assez molles à l’occasion des matches de football diffusés à la télévision, a pris une force et une vigueur inédites mardi soir au Parc des Princes où se jouait la qualification du PSG face à une modeste équipe d’Istanbul, déjà éliminée de la compétition. Le 4e arbitre de la rencontre a désigné un adjoint de l’entraineur turc en l’appelant « negru », noir en roumain, ce qui a soulevé la colère d’un joueur remplaçant qui lui a demandé des comptes.
Ce qui est nouveau, c’est que les joueurs des deux équipes, parmi lesquels beaucoup ont la peau foncée, ont pris fait et cause pour le dirigeant ainsi racialisé et ont quitté le terrain en signe de protestation. Pour la première fois, les joueurs ont pris le pouvoir et refusé de continuer le match en présence de l’arbitre incriminé. D’ailleurs, le match interrompu sera repris le lendemain, mais avec une autre équipe d’arbitrage, que l’on espère plus conforme aux valeurs officielles de l’UEFA, supposée lutter activement contre toutes les formes de racisme. L’absence de public a joué un rôle déterminant dans cette affaire. On a pu entendre distinctement les paroles du 4e arbitre, « c’est ce noir, là » en roumain et les demandes répétées de Demba Ba, en anglais, « pourquoi il dit négro », « on ne dit pas le blanc ». Le huis clos a permis aussi le report de la suite du match sans avoir à gérer les réactions d’un public frustré de son spectacle, et éventuellement mécontent.
Cet arbitre roumain, probablement ni plus ni moins raciste que beaucoup d’autres, qui n’a pas vu le mal en désignant quelqu’un par sa couleur de peau, a réussi l’exploit de faire l’unanimité contre lui. Son attitude a été aussi condamnée par le président turc Erdogan, très proche du club stambouliote, bien peu regardant sur les droits de l’homme dans son pays, que par la ministre des Sports, Française d’origine roumaine, Roxana Maracineanu, en passant par l’intégralité des journalistes sportifs et des joueurs, tous sports confondus. En a-t-on fini pour autant avec le racisme dans le sport et le football en particulier ? Je crains que non. Quand les spectateurs reviendront dans les stades, il sera difficile d’en interdire l’accès à une certaine frange du public qui se croit autorisée à conspuer les joueurs de couleur, à les insulter, à imiter des cris de singe, voire à leur lancer des bananes entre autres projectiles. Il faut cependant espérer que ce genre d’incident fasse avancer la prise de conscience du public, qui est un reflet plus ou moins déformant de la société tout entière, qui n’évolue que trop lentement.