Noir c’est noir

Hier devait être le jour J, celui du Black Friday, finalement repoussé d’une semaine d’un commun accord avec les enseignes concernées par ce grand raout de la consommation frénétique d’objets technologiques et autres. Finalement, ce n’est pas un vendredi noir, mais au moins une semaine noire pour le gouvernement, pris dans la tourmente des violences policières qu’il ne peut plus nier. L’affaire commence lundi dernier, quand des migrants organisent en manière de protestation un campement sur la place de la République à Paris, qui sera évacué brutalement par les forces de l’ordre.

En réalité, ce campement sauvage trouve sa source dans le démantèlement systématique et régulier de ces points de fixation de réfugiés en attente et en espoir de régularisation dans la région parisienne. Une grande partie des évacués de la République avaient déjà été chassés de Saint-Denis quelques jours auparavant sans solutions de relogement. Les premières bavures sont apparues, notamment ce geste gratuit et particulièrement choquant d’un commissaire faisant un croc-en-jambe à un migrant qui s’enfuyait. Sans compter les brutalités de tous ordres, devenues malheureusement la routine des interventions policières. Journalistes et élus présents en soutien sont eux aussi frappés et brutalisés sans le moindre ménagement. Tout ceci se déroule au vu et au su de la population, médusée, et sous le regard des réseaux sociaux abreuvés d’images choquantes, au point d’obliger le ministre de l’Intérieur et le chef de l’état à réagir faiblement. Pendant ce temps, le même ministre, Gérald Darmanin, poursuit son travail de sape et d’encouragement à l’impunité policière en obligeant les députés à voter l’article 24 d’une loi liberticide vouée à la censure du Conseil Constitutionnel.

C’était déjà beaucoup, mais le coup de grâce sera porté par une bande de policiers irresponsables, criminels et racistes, pris la main dans le pot de confiture, qui ont tabassé un homme noir chez lui sous l’œil impitoyable d’une caméra de surveillance et les smartphones des voisins. Ils ont cru pouvoir s’en sortir en se parjurant et en accusant la victime de turpitudes sans en apporter le moindre début de preuve. Le pouvoir les a lâchés et ils paieront pour tout le monde, probablement. Macron n’a pas renouvelé son erreur de l’affaire Benalla, qu’il a tardé à condamner. Mais ce serait trop facile de sacrifier quelques lampistes, sans admettre que de tels comportements ne sont explicables que par un climat où les « forces de l’ordre » se croient soutenues et protégées en toutes circonstances. On ne peut pas se parer des plumes du paon et parader en se glorifiant de son action quand tout va bien, et récuser toute responsabilité personnelle quand le temps se gâte. Sacrifier le préfet Lallement serait une première étape, mais il faut remonter la chaine du commandement jusqu’au sommet de l’état.

Commentaires  

#1 jacotte 86 28-11-2020 11:30
faut-il continuer la chanson"il n'y a plus d'espoir"?
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