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Liberté chérie
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le vendredi 27 novembre 2020 10:46
- Écrit par Claude Séné
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Le petit rayon d’espoir qui a filtré ces jours derniers de retrouver une partie de la vie « d’avant », de la vie normale, m’a fait toucher du doigt à quel point, avant de seulement songer à l’égalité et à la fraternité, nous avions besoin de libertés. À commencer bien sûr par la liberté d’aller et de venir, sans devoir en rendre compte à quiconque, du moment que nos mouvements ne sont susceptibles de nuire à personne.
Je connais, comme tout le monde, la définition attribuée à John Stuart Mill selon laquelle la liberté des uns s’arrête là où commence celle des autres, et je ne méconnais pas la nécessité d’établir des règles pour vivre en société. Je constate simplement que la situation sanitaire créée par l’épidémie du Covid 19 a donné lieu à un glissement pernicieux de l’exercice du premier droit de l’être humain, celui d’être libre de ses mouvements. N’oublions pas que la punition la plus courante pour les personnes qui enfreignent gravement les lois, c’est précisément la privation de liberté par l’enfermement en prison, ou dans une variante liée aux nouvelles technologies, des restrictions de déplacement au moyen d’un bracelet électronique. On m’objectera que la situation exceptionnelle justifie les mesures prises par le pouvoir et que les formes ont été respectées puisque le parlement a validé l’état d’urgence. Certes, mais on constate à cette occasion le danger d’une représentation nationale monolithique, tout entière au service d’un homme ou d’une idéologie, qui ne serait qu’une chambre d’enregistrement comme c’est le cas aujourd’hui.
Cela me fait penser à une disposition de la loi américaine, connue sous le terme de « Droits Miranda », du nom d’une affaire de 1966 où la Cour Suprême a imposé le droit de garder le silence et d’être assisté par un avocat. Cette avancée apparente de la démocratie a abouti au résultat paradoxal de 78 % d’abandon « volontaire » de ce droit par les personnes mises en cause, le simple fait d’avoir recours à un avocat étant considéré comme une présomption de culpabilité. Sans que nous l’ayons vraiment voulu, ni même que nous en ayons pris conscience, nous avons, depuis déjà longtemps, renoncé à exercer notre libre arbitre. Au mieux, les plus motivés persistent à exercer leur droit de vote à intervalles plus ou moins réguliers, et constatent que les élus n’ont qu’un pouvoir limité, et s’interdisent le plus souvent de l’exercer, si ce n’est dans le sens de leurs convictions plutôt que de celle de leurs mandants. Jusqu’au jour où, sporadiquement, la population exprime un ras-le-bol dont le prototype est celui des « gilets jaunes » qui parfois débouche sur une jacquerie. Il faut alors calmer les esprits avec un quelconque « Grenelle », jusqu’à la poussée de fièvre suivante.
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