Majeurs et vaccinés

Même si nos dirigeants refusent obstinément de donner aux concitoyens dont ils ont la charge la moindre lueur d’espoir, les Français se raccrochent à la seule solution envisageable pour ne pas être condamnés à vie à alterner confinement et déconfinement. Puisque les seuls traitements dont on dispose pour lutter contre le coronavirus sont apparemment limités au banal paracétamol, la seule solution active pour éviter l’épidémie serait donc la vaccination. Et de ce côté, les nouvelles sont plutôt bonnes, puisque plusieurs laboratoires ont mené des essais apparemment concluants, et pourraient mettre prochainement leurs produits sur le marché.

Paradoxalement, moins d’un Français sur deux envisage actuellement de se faire vacciner, alors qu’ils semblent pourtant conscients que ce serait souhaitable. C’est d’autant plus dommageable que les épidémiologistes précisent que seul un pourcentage de 60 % au minimum permettrait d’éradiquer la maladie. La méfiance envers les vaccins est globalement très forte dans notre pays, notamment à cause des effets secondaires éventuels. Dans le cas particulier du Covid, les craintes sont nécessairement plus importantes, puisqu’il a fallu développer le vaccin en un temps record et qu’on ne peut pas attendre plusieurs années avant de l’utiliser massivement. Égoïstement, je compte un peu sur l’expérience en vraie grandeur menée par les autorités chinoises, dans un pays où le mot autorité prend tout son sens, sur des militaires qui, par définition, n’ont pas vraiment le choix, pour me décider après avoir pesé le pour et le contre.

Yannick Jadot défend l’idée de rendre cette vaccination obligatoire, ce qui est à mon avis le moyen le plus sûr et le plus efficace de la rendre définitivement impopulaire. Il incarne une nouvelle fois une branche autoritaire de l’écologie, qui a valu au combat vert une réputation d’intégrisme, en misant sur la contrainte plus que sur la sensibilisation. Le probable candidat à l’élection présidentielle est en train de s’aliéner une partie de ses sympathisants potentiels par ce type de positions dogmatiques, mais après tout, c’est son affaire. Depuis que l’Anglais Jenner a eu l’idée d’inoculer la vaccine aux bien-portants pour stimuler leurs défenses naturelles contre la variole à la fin du 18e siècle, l’histoire de la vaccination balance entre la décision imposée d’en haut aux masses laborieuses, mais incultes, et le libre arbitre des citoyens prenant en main leur destin. C’est Gérard de Nerval, qui, dès 1852, dans un recueil de poésie, Nuits d’octobre, va accoler les deux termes dans un oxymoron magnifique que l’on aurait imaginé avoir été inventé plus récemment par un Michel Audiard inspiré. Quant à moi, modestement, j’ai une suggestion à faire aux brillants esprits qui nous gouvernent pour assurer le succès d’une campagne de vaccination contre le Covid 19. Il suffit d’en interdire l’accès au vulgum pecus et de le réserver aux élites, sur invitation. Tout le monde se précipitera pour en exiger la diffusion massive.

Commentaires  

#1 jacotte 86 20-11-2020 12:11
c'est déja un peu prévu... sélection des premiers "gagnants"
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