En attendant Biden

On y croit à chaque fois. Ça y est : le candidat démocrate va enfin pouvoir annoncer sa victoire. Et Jo, impassible, se contente de rassurer ses supporters en les exhortant à la patience tout en affirmant qu’il n’a jamais été aussi proche de son élection officielle, ce qui est objectivement vrai. En pratique, cela fait un moment que les probabilités convergent pour estimer que son avance sur Donald Trump est désormais irrattrapable. Une élection présidentielle américaine, si elle recèle une part de suspense, ne s’apparente pas à un match de tennis où le perdant peut y croire jusqu’à la dernière balle.

Pour nous, français, le système électoral américain est très étrange puisque chez nous le nom du futur président est connu dès 20 h grâce aux estimations des instituts de sondage, qui, jusqu’à présent, ne se sont trompés qu’à la marge sur les pourcentages exacts de votes recueillis par chacun des candidats. En 1981 par exemple le suspense n’avait duré que quelques secondes tandis que le portrait du gagnant se déroulait à l’écran de haut en bas. En effet, Mitterrand, comme Giscard, était assez dégarni, ce qui retardait un instant l’identification du vainqueur. Ce qui nous paraît le plus « exotique » aux États-Unis, c’est que le système électoral permet à un candidat minoritaire en suffrages populaires de l’emporter, comme Donald Trump en 2016. Cette fois encore, le candidat démocrate a eu besoin de plusieurs millions de voix de plus que son adversaire républicain pour être probablement élu. Tout bien pesé, notre système majoritaire n’est pas plus démocratique, puisqu’il suffit de rassembler un petit quart des votants au premier tour, comme Emmanuel Macron par exemple, pour s’offrir une élection de maréchal contre un épouvantail. Et gare au jour où les électeurs ne verront plus la différence.

Une chose semble cependant acquise dès maintenant, et c’est le départ de l’actuel président, que l’on espère définitif, même si techniquement il a le droit de se représenter en 2024. L’histoire ne repassant généralement pas les plats, on peut supposer que les conservateurs républicains se trouveront un autre champion d’ici là après un égarement passager qui a coûté cher aux Américains, mais aussi au monde entier, qui lui, ne vote pas. Si la personnalité du prochain président des États-Unis ne soulève pas l’enthousiasme, il ne pourra pas faire pire que son prédécesseur, et son attitude plutôt calme lui donne un certain crédit en Europe et surtout nous repose de l’agitation permanente et la mégalomanie de Trump. Jo Biden répète à l’envi qu’on n’est pas pressé, qu’il faut prendre le temps de compter scrupuleusement tous les suffrages avant de se déclarer vainqueur. Il faudra que la presse donne le « la » et le top départ, mais on ne peut guère compter sur Trump pour s’avouer vaincu et Biden devra sans doute se passer de la reconnaissance de sa victoire par le perdant.

Commentaires  

#1 jacotte 86 07-11-2020 11:49
que ce pseudo suspens finisse les médias nous "saoulent" avec ces élections même si j'en reconnais l'importance mondial , elles n'ont presque plus le temps de nous effrayer avec la covid ... c'est un comble
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