Le visage humain du capitalisme
- Détails
- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le samedi 27 juin 2020 10:37
- Écrit par Claude Séné
Une nouvelle brève est passée presque inaperçue ces jours derniers. C’est la modification des statuts du Groupe Danone qui devient une entreprise dite « à mission » en privilégiant son « impact social, sociétal et environnemental ». Danone devient ainsi la première et la seule entreprise cotée en bourse, faisant partie du CAC 40, à afficher ses objectifs sociaux et écologiques. La modification a été approuvée en Assemblée générale par plus de 99 % de ses actionnaires.
Des actionnaires parmi lesquels on compte depuis l’an dernier les 100 000 salariés qui ont tous reçu une action du groupe, à l’initiative de son PDG, Emmanuel Faber, dont le profil détonne un peu dans ce paysage ultralibéral, aggravé par la crise du Covid-19. Pendant le même temps, on apprenait coup sur coup le « dégraissage » chez Nokia et les coupes drastiques chez Sanofi, décidées avant la crise sanitaire, mais qui font encore plus mauvais effet à présent. Nokia n’aura pas attendu un seul jour pour se séparer des salariés ultra-qualifiés de la branche Recherche et Développement de la firme Alcatel Lucent rachetée il y a 4 ans avec un engagement de cette durée de ne pas licencier, violant ainsi allègrement l’esprit sinon la lettre de son engagement auprès du gouvernement français. La recherche du profit immédiat et maximal aura encore une fois eu raison du développement à long terme dans un marché porteur grâce à la perspective du déploiement de la 5G.
Encore plus absurde, si c’est possible, les coupes claires chez Sanofi, au moment où les besoins dans le domaine de la Santé vont exploser et où les groupes pharmaceutiques ont le vent en poupe, avec la perspective d’un possible jackpot du fait de la mise au point d’un traitement ou d’un vaccin contre le nouveau coronavirus. Le ministre des Finances de l’époque, favorable à une fusion d’Alcatel et de Nokia, est devenu président de la République et continue à servir la soupe à Sanofi en lui faisant des courbettes à la veille de son plan social qui ne veut pas dire son nom. Il pourrait se vexer d’être ainsi sans arrêt roulé dans la farine, mais sa formation économique lui impose de se conformer à cette logique financière, à ce darwinisme social qui veut que seuls survivent les plus forts. Alors sans faire de l’autre Emmanuel le champion du progressisme, le moine-soldat dénonçant les abus de la finance, force est de constater qu’il représente un capitalisme plus humaniste. Il a étonné en 2016 en évoquant devant les étudiants diplômés de HEC la mémoire de son frère schizophrène dans un discours émouvant de 9 minutes pour défendre un monde meilleur. Je rassure cependant les gros actionnaires de Danone et autres mastodontes économiques : le bougre ordonne bien sa charité en faisant fructifier le capital, sans s’oublier au passage.
Commentaires