La dernière dinguerie de Donald Trump
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le jeudi 6 février 2025 10:28
- Écrit par Claude Séné
Si la France a réagi avec une certaine modération aux propos du président américain qui envisage très sérieusement de transformer la bande de Gaza en un complexe touristique géant d’où seraient exclus les Palestiniens, en privé, les conseillers de l’Élysée seraient beaucoup plus critiques à l’égard de Donald Trump au point de qualifier cette sortie médiatique de « dinguerie », tant elle parait relever de la provocation pure et simple. L’expression fait évidemment référence au film de 1976, la dernière folie de Mel Brooks, de et avec le comédien et réalisateur américain, qui fourmille de gags inoubliables.
Le film de Mel Brooks est entièrement muet, à l’exception de la seule réplique : « no ! » qui est prononcée par… le mime Marceau ! Malheureusement, Donald Trump, lui, n’est pas avare de déclarations tonitruantes, souvent tellement provocatrices que l’on aurait spontanément tendance à les croire entièrement gratuites. Cette idée de transformer le champ de ruines qu’est devenu Gaza en un immense parc d’attractions pour touristes fortunés, en déportant massivement les populations palestiniennes attachées à leur terre malgré sa destruction massive, m’a fait penser à cette proposition d’Alphonse Allais de construire les villes à la campagne parce que l’air y est plus pur. On ne peut que lui donner raison devant l’aggravation de la pollution au 21e siècle, bien supérieure à celle du 19e. Mais Donald Trump s’est peut-être aussi inspiré du programme d’un homme politique français du début du 20e siècle, Ferdinand Lop, qui se proposait de prolonger le boulevard Saint-Michel à Paris jusqu’à la mer, par les deux bouts précisait-il en réponse à une question. Je dois à la vérité historique d’indiquer que Ferdinand Lop n’était pas l’auteur de cette proposition, mais un certain Duconnaud (ça ne s’invente pas) candidat à une élection politique, dont j’ignore s’il fut élu.
Tout ceci parait fort peu sérieux, mais on aurait tort de prendre la déclaration du président Trump à la légère, sous prétexte qu’il est connu pour dire ce qu’il pense, même si ça parait totalement farfelu. Et s’il arrive qu’il oublie complètement ce qu’il avait défendu la veille, généralement il fait ce qu’il a annoncé, moyennant quelques ajustements. En l’occurrence, les Israéliens les plus modérés, s’il en existe encore, seraient plutôt favorables à cette solution, qui enterre définitivement la thèse des deux états, et les plus extrémistes, les ultras des partis religieux, applaudissent des deux mains. Par contre, les pays arabes avoisinants, sur qui reposerait la charge des Palestiniens chassés de chez eux, sont vent debout contre cette décision américaine, alors que Donald Trump compte sur leur financement de la reconstruction en complexe touristique pour mener à bien son projet. Quant aux principaux intéressés, qui ne savent pas jouer au golf et n’ont aucun pouvoir d’achat disponible, qui s’en soucie ? Pas Donald Trump en tout cas.