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Intraduisible en français
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le mercredi 10 juin 2020 10:41
- Écrit par Claude Séné
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On a pu l’entendre en allemand, avec Angela Merkel, en anglais avec Justin Trudeau, ou même en italien avec le Pape, mais pas en français : la condamnation de l’acte raciste de Derek Chauvin sur la personne de George Floyd à Minneapolis. Le président Macron, si disert depuis le début de l’épidémie quand il s’agit de se faire mousser en affirmant venir en aide à toutes les catégories touchées par les conséquences économiques de la crise sanitaire, a décidé de donner sa langue au chat.
Pas un mot de compassion pour la famille, ni de condamnation de l’attitude des forces de l’ordre, pas plus que de dénonciation du racisme, comme la plupart des chefs d’État du monde entier. Juste le maintien des interdictions de se rassembler, même pour une cause telle que celle-ci. Et pourtant, s’il avait voulu outrepasser les mots qui semblent lui écorcher tellement la bouche, il avait une solution toute trouvée : le langage des signes. Il lui aurait suffi de mettre un genou à terre, comme le Premier ministre canadien et des centaines de milliers de manifestants à travers le monde, pour faire comprendre qu’il était solidaire de la cause antiraciste. Au lieu de quoi, il a choisi le silence. Non pas les 8 minutes et 46 secondes observées par de nombreux citoyens du monde en hommage à l’interminable agonie infligée à un être humain qui avait le grand tort d’être noir dans un pays marqué par les séquelles de l’esclavagisme et de l’apartheid, par un homme blanc qui n’aurait jamais dû être autorisé à représenter la loi, mais un silence interminable, dont il ne semble pas décidé à sortir.
Alors, quand j’entends Christiane Taubira trouver les mots justes, les mots vrais, les mots sincères pour exprimer à la sœur d’Adama Traoré toute sa compassion pour la perte subie par sa famille, sans préjuger pour autant de l’issue de la procédure judiciaire, je me dis que nous sommes passés à côté d’une personnalité qui aurait pu rendre de la grandeur à la fonction présidentielle. Avouez que si la France était dirigée par une femme de grande valeur comme elle, assumant sa condition et sa couleur de peau sans en faire un étendard, avec des convictions, ce qui devient rare, ça aurait de la gueule ! le symbole serait fort, non ? Au lieu de quoi, nous devons nous contenter d’un blanc-bec, qui me fait penser au surnom donné par les Antillais aux descendants des colons qui ont asservi leurs ancêtres, celui de becquets, à cause de la couleur de leur peau donnant l’impression d’être enfarinés. Un juste retour des choses de la part de ceux qui sont souvent traités de « Blanche-Neige ». Christiane Taubira, quand elle était Garde des Sceaux, en sait quelque chose.