La guerre des plages

La bataille pour l’accès libre aux plages dans le cadre du déconfinement ne devait pas avoir lieu. Le gouvernement avait tranché la question et décrété que les Français devraient se passer de leur littoral encore quelque temps, y compris ceux qui habitent à proximité immédiate et devaient se contenter du bitume pour leur sortie journalière pendant les restrictions. La logique aurait pourtant commandé leur réouverture, au même titre que celle des parcs et jardins dans les zones les moins touchées par l’épidémie. Pour une fois, le bon sens l’a emporté.

Les maires qui le désirent pourront obtenir des dérogations auprès du préfet pour ouvrir leurs plages, en fonction des réalités locales, bien différentes de celles des rames de métro aux heures de pointe. Les maires sont d’autant plus sensibles aux préoccupations de leurs administrés que les élections municipales sont toujours suspendues dans un entre-deux tours interminable en attendant un retour hypothétique à la normale. Par voie de conséquence, les députés essaient de « coller » au terrain, eux aussi, et le Premier ministre se serait exposé à un risque de fronde sans une forme de souplesse qui ne lui est pourtant pas naturelle. Avant de crier victoire et envisager dès la semaine prochaine de réutiliser certains chemins côtiers peu fréquentés, je constate cependant une certaine dérive hygiéniste qui ne laisse pas de m’étonner, si ce n’est plus. Ce sont les professionnels des sports nautiques qui ont été les fers de lance de la demande de réouverture des plages. Ils ont réussi à imposer un concept discutable qui consisterait à réserver la côte à la pratique exclusive d’activités sportives, opposant la plage dite « dynamique » à la plage statique où l’on se contenterait de se détendre et éventuellement de bronzer. Cette notion moralisatrice me parait déplacée et sans objet. Que les sportifs pratiquent leur activité, grand bien leur fasse, mais l’important en ce moment c’est de garder ses distances, ce qui est aussi praticable sur une serviette qu’ailleurs.

Cette attitude participe d’une idéologie qui tendrait à bannir toute forme d’exultation ou de soulagement de la population de peur d’une prise de risque inconsidérée provoquant un regain de l’épidémie. Les autorités sanitaires n’ont pas cessé de doucher tout espoir et de relativiser les signes encourageants de régression de la contagion, comme s’ils pouvaient de cette manière exorciser les dangers de se manifester. L’équation joie égale danger fonctionne à plein régime. Or, il est évident que le danger le plus important est celui de la promiscuité et de la densité de population dans un espace restreint. Il est stupide d’appliquer les mêmes règles dans un lieu vaste et peu fréquenté, ce qui est le cas des espaces naturels, que dans les espaces confinés et surpeuplés.

Commentaires  

#2 GUIBERT 09-05-2020 18:59
Ce confinement est "punitif", il faut donc qu'on douille et que surtout on ne revienne pas à notre vie ordinaire...
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#1 jacotte86 09-05-2020 11:43
autre titre possible."le débarquement" pour la fin de la guerre
depuis quand faut-il prendre en compte le plaisir du citoyen? il risquerait de ne plus avoir peur et d'être mois docile!!
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