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Pas gaie la pagaille !

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Catégorie : Diabloguiste

Publié le vendredi 24 avril 2020 10:33

Écrit par Claude Séné

Vous allez peut-être m’accuser de feuilletonner sur l’incompétence du pouvoir qui n’en finit pas d’affirmer tout et son contraire. Mais ce n’est pas moi qui ai commencé. Un observateur indulgent attribuait ces valses hésitations à une stratégie consciente de ballons d’essai que l’on avance ou que l’on retire selon les réactions des principaux intéressés. Si c’est le cas, l’effet est désastreux. On ne peut que souhaiter beaucoup de courage et une bonne dose d’inspiration à Jean Castex, le Monsieur déconfinement, chargé de présenter un plan qui concilie tous les contraires, sans faire l’unanimité contre lui.

« Rame, rame, rameurs, ramez… on avance à rien dans ce canoé ! » Après avoir laissé fortement entendre que le déconfinement se ferait sur une base régionale, ce qui posait autant de problèmes que cela en résolvait et aurait obligé à créer des frontières interrégionales, le président a tranché ! … en ne tranchant pas. Ce sera partout pareil, mais différemment. Si quelqu’un a la moindre idée de ce en quoi consistera l’adaptation aux réalités de chaque territoire, qu’il ne le dise surtout pas. Toute la beauté de la chose réside dans le flou de la formule, qui permet tout et n’importe quoi. C’est le retour du fameux en même temps, supposé respecter toutes les nuances de l’échiquier politique, masquant en réalité une ligne droitière tout ce qu’il y a de plus classique.

Alors il va en falloir de l’imagination aux enseignants pour pouvoir mener de front leur mission éducative auprès des élèves présents physiquement dans les établissements, et « en même temps » assurer un enseignement à distance pour ceux qui resteront à la maison. Déjà qu’un professeur en école primaire est supposé capable d’enseigner toutes les matières, y compris les disciplines artistiques et sportives, même quand il n’y possède aucune compétence et parfois aucune motivation, on va lui demander de se couper, non plus en deux, mais en quatre, voire plus si affinités. Comme si la situation n’était pas suffisamment compliquée, Emmanuel Macron a suggéré que les élèves ne reviennent en classe que sur la base du volontariat. On comprend bien pourquoi. Il s’agit de désamorcer une inquiétude légitime des parents, tout en se dédouanant de la responsabilité de l’état d’accueillir les élèves dans des conditions sanitaires optimales, tout en sachant très bien que la plupart des parents n’auront en réalité pas le choix, contraints de reprendre le travail pour des raisons financières et faute de solutions de garde alternative. Quant aux ministres et fonctionnaires chargés de mettre en musique une ligne aussi fluctuante et erratique, plus qu’une équipe de rêve que j’évoquais ici même hier, on pencherait pour une reconstitution de ligue dissoute, avec un seul mot d’ordre : « tais-toi et rame ! »

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