Il neige des emails

Ceux qui tombaient dans la chanson de Maurane étaient plutôt poétiques. Ceux qui ont été échangés par la plus que probable future candidate démocrate à la présidence des États-Unis quand elle était secrétaire d’État de Barak Obama de 2009 à 2013 risquent de la faire chuter, elle. Le crime d’Hillary Clinton aux yeux des Républicains, c’est d’avoir utilisé sa boite mail personnelle et non l’adresse fournie par le gouvernement pour envoyer et recevoir les messages concernant son activité professionnelle, ce qui complique l’archivage et la consultation de ces emails.

Hillary Clinton a remis une partie de ces messages à l’administration, mais elle a supprimé ceux qui concernaient sa vie privée, tels que l’organisation du mariage de sa fille Chelsea, ou le décès de sa mère. Ses adversaires la soupçonnent d’avoir également fait disparaitre tout ce qui pourrait être compromettant ou gênant de façon à donner une image parfaite de son action. Notamment, ils mettent en cause les dons qui auraient été faits à sa fondation en provenance de pays étrangers et qui pourraient être détournés pour financer sa campagne, laissant présumer de possibles conflits d’intérêts. On sait bien qu’aux États-Unis tous les coups sont permis dans le cadre des campagnes électorales, y compris le dénigrement systématique, la calomnie, les coups bas et j’en passe. Mais l’élection n’aura lieu qu’en novembre 2016 et cela nous promet de nombreux rebondissements.

Faut-il y voir un hasard ou une machination machiavélique ? Le dernier numéro de Time magazine s’ouvre sur une silhouette d’Hillary Clinton qui lui donne l’apparence de posséder deux cornes très visibles sur le sommet de la tête, avec la légende : « la méthode Clinton ». Le lecteur a le choix entre les cornes symbolisant le diable en personne qui aurait pris l’apparence d’une sexagénaire encore fringante en Prada, ou l’allusion aux déconfitures conjugales et aux nombreuses couleuvres qu’elle a dû avaler quand c’était son mari qui présidait aux destinées de son pays.

Cet épisode, qui parait un peu surréaliste, illustre une évolution majeure de nos moyens de communication. Si le chancelier Bismarck avait aujourd’hui une communication importante et urgente à faire aux ambassadeurs du monde entier, il n’utiliserait plus le télégramme, mais la célèbre dépêche d’Ems aurait été transmise par mail, ou peut-être même via Facebook, Twitter ou LinkedIn. Faudra-t-il archiver les milliards de messages échangés à travers le monde ?