Mila, un fait de société
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le jeudi 30 janvier 2020 10:45
- Écrit par Claude Séné
Ou une affaire d’État ? Mila, au cas où vous n’en auriez pas encore entendu parler, est une jeune fille de 16 ans, menacée de mort pour avoir osé dénigrer publiquement sur Instagram les religions et en particulier l’Islam, en des termes crus. Elle a de ce fait été l’objet d’un véritable lynchage médiatique. À l’abri derrière l’anonymat des réseaux sociaux, de courageux internautes ont dévoilé son identité et révélé le nom du lycée qu’elle fréquentait et dans lequel elle ne peut plus se rendre, tant que sa sécurité n’y sera pas assurée.
Ce qui est reproché à Mila, n’est, ni plus ni moins que le blasphème, pourtant légal en France. C’est l’équivalent verbal des fameuses caricatures de Mahomet ou des dessins de Charlie Hebdo, qui ont abouti au massacre que l’on sait. La réaction du délégué général du conseil français du culte musulman, qui condamne cette « provocation » et laisse entendre qu’elle l’a bien cherché, n’est rien d’autre qu’une absolution pour ceux qui s’en prendraient physiquement à la jeune fille, comme certains avaient pu le faire vis-à-vis des caricatures de Charlie. À aucun moment, Mila ne s’en prend nommément aux personnes, mais uniquement aux religions. Ce qui n’a pas empêché le parquet d’ouvrir une enquête sur ce sujet alors qu’il n’était saisi que d’une plainte déposée par la jeune fille par l’intermédiaire de son avocat, qui défend également par ailleurs Charlie Hebdo. Bravo à l’état français pour cette perte de temps et le brouillage du message de la victime. Il est vrai que l’exemple vient de haut, puisque la ministre de la Justice elle-même a qualifié les propos de la jeune fille « d’insulte à la religion » et « d’atteinte à la liberté de conscience ». Je veux bien que l’on ne nomme pas forcément des spécialistes de leur sujet à des postes ministériels, Agnès Buzyn, bien que médecin, en est le contre-exemple parfait au ministère de la Santé, mais Nicole Belloubet aurait pu se renseigner et prendre conseil avant de proférer de telles énormités, qu’elle a tenté par la suite de minimiser.
À sa décharge, quand le premier personnage de l’état se permet d’interférer dans des affaires en cours en prenant position publiquement pour la tenue d’un procès à l’encontre du meurtrier de Mme Sarah Halimi, bien qu’il ait été déclaré irresponsable en première instance et en appel, elle est en droit de se demander si la loi qu’elle est chargée de défendre aujourd’hui sera encore vigueur demain, selon le bon plaisir du prince. Le droit au blasphème, qui a survécu jusqu’à présent, résistera-t-il à la menace électorale d’une religion totalitaire ?