Cache-misère

Cachez ces migrants que je ne saurais voir ! La préfecture de la région parisienne, assistée de la préfecture de police, a procédé hier au démantèlement et à l’évacuation du campement de la porte d’Aubervilliers sur le périphérique. Plus de 1400 migrants installés sauvagement dans des conditions infâmes ont été « mis à l’abri » dans des gymnases et des centres dédiés. Cette évacuation était rendue nécessaire par la précarité et l’insalubrité des installations de fortune. Une situation dramatiquement endémique rendue encore plus insupportable par la proximité des élections municipales.

Ce relogement provisoire ne fait l’objet d’aucune contestation ni de la part des principaux intéressés qui gardent l’espoir d’une solution durable ni des associations qui viennent en aide aux migrants, mais il ne résout rien. Le campement d’Aubervilliers fait suite à celui de la porte de La Chapelle, évacué en novembre dernier dans des conditions similaires, et si rien n’est fait, un autre bidonville se recréera tôt ou tard à proximité du périphérique. L’embryon d’un tel campement s’est déjà formé à proximité de la porte de la Villette et devrait être évacué prochainement. L’objectif du préfet de police, Didier Lallement, et du ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner, consiste à parer au plus pressé en faisant cesser le scandale de personnes vulnérables « accueillies » dans des conditions innommables, mais surtout de tout faire pour empêcher leur réinstallation au même endroit. À cet effet, des forces de police seront mobilisées pour empêcher de nouveaux arrivants de s’installer. Autant espérer vider la Méditerranée à la petite cuiller.

L’objectif de tous ces réfugiés est d’obtenir l’asile ou de poursuivre leur périple en direction de leur Eldorado anglais. Des places d’hébergement à l’autre bout de la France, sans garantie de ne pas être déboutés de leurs demandes au bout du compte ne répondent absolument pas à la situation. L’opération d’évacuation d’hier serait la 60e de ce type effectuée depuis 2015, un véritable tonneau des Danaïdes. Le gouvernement français s’appuie sur une imposture en prétendant trier les bons et les mauvais migrants et en annonçant des expulsions non suivies d’effet. Son interprétation restrictive du droit d’asile pousse tous les déboutés à s’installer clandestinement et à se retrouver à la rue, faute d’un statut décent et reconnu. Cette hypocrisie est véritablement criminelle, et indigne d’un pays civilisé. La législation européenne ne fait qu’aggraver la situation, puisque nombre des malheureux échoués à Paris ont laissé leurs empreintes dans un autre pays à leur arrivée, et ne peuvent pas postuler une aide en France. Le manque de clarté de la position française va finir par coûter presque aussi cher qu’une prise en charge sérieuse de la question, tout en imposant des conditions de vie indignes à des réfugiés leurrés par la promesse de liberté, d’égalité et de fraternité.

Commentaires  

#1 jacotte86 29-01-2020 19:28
ça n'en finira jamais hélas...
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